Ma soeur va mal en ce moment. J'en ai eu la confirmation en l'appelant jeudi soir. Les parents m'avaient déjà prévenu mais j'ai fait celui qui ne savait pas. Ella a vite fondu en larmes au téléphone (la phrase "ça va?" semble être le déclencheur de la fontaine). Je n'aime pas la savoir comme ça alors que je suis impuissant. Elle se remet mal d'une rupture, une histoire brève mais qui la touche (et apparemment moins l'histoire en elle-même que ses conséquences).

Il y a quelques mois, elle m'a annoncé qu'elle était heureuse et amoureuse. Bien entendu, je n'étais pas le premier au courant et je n'avais pas été dans la confidence des prémisses (normal, j'aurais agi de la même manière). Un flot de sentiments mitigés s'est emparé de moi, je me souviens avoir mentionné vaguement (en "mots cachés") les plus vils sur ce site. J'étais tout d'abord content pour elle bien évidemment. Et puis, de manière pernicieuse s'est insinuée l'idée qu'on allait être moins proches et que ça m'embêtait (comme ça m'ennuie aussi de l'écrire, tellement ça paraît égoïste comme réaction), suivie du sentiment que ce bonheur cachait un contrecoup proportionnel qui n'allait pas manquer d'arriver un jour (car Les Rita ont souvent raison). C'est tout moi, ça, ne pas voir le bonheur présent mais craindre le malheur (potentiel) futur (j'anticipe!!).

Lui, je ne l'ai pas connu, j'en ai juste entendu parler par ma soeur. Elle me vantait ses qualités et bizarrement (ou pas?), elle n'a parlé que des points où il me ressemble. Volonté de sa part (à elle) qu'on ait des sujets de discussion en commun pour le jour de notre rencontre ou tentative de mieux le présenter l'air de dire "il est comme toi, tu ne peux pas ne pas l'aimer"? J'ai écouté et n'ai pas dit grand chose, les sentiments mêlés étant là et puis, je n'ai pas à juger quelqu'un que je ne connais pas.
Lors de mon opération, j'ai eu l'occasion de pas mal parler avec ma soeur. Elle a été précieuse, surtout au début, quand ça n'allait pas bien. Enfin, c'est surtout elle qui me donnait de ces nouvelles, moi je n'avais pas grand chose à dire (ou pas énormément de forces, surtout au début). Elle me parlait de ses études et de son copain, les deux sujets étant liés. Une situation de crise dans ses études influait sur leurs relations. Je l'écoutais parler et je me disais que, suivant ce qu'elle disait, elle faisait beaucoup d'efforts pour eux deux et lui absolument pas, changeant d'avis en permanence. Je pensais franchement qu'elle se faisait mener par le bout du nez, prête à beaucoup s'impliquer, faire des efforts et pas lui. Je n'ai rien osé dire, à part avec quelques remarques subtiles pour lui montrer qu'elle s'adaptait à ses desiderata mais lui jamais. C'était sans doute dû à la crise dans leurs études, mais je pense que les crises révèlent souvent ce que sont les individus. Je n'ai pas voulu lui dire que ce mec ne paraissait pas très sympathique, d'abord car je ne connais que son point de vue à elle, ensuite car je ne veux pas m'immiscer (sauf si on me le demande) dans des histoires privées (car je tiens à ce qu'on fasse la même chose avec moi). Et puis, je ne voulais pas passer pour le grand frère surprotecteur, après tout elle ne me dit pas tout, je ne vois qu'un fragment de leur relation.

Ensuite, la crise se passant (mal), la situation s'est détériorée et a fini en "pause". Mais, je pensais qu'elle s'était remise. Je l'ai vue début août et je l'ai trouvée bien, en tout cas, elle n'avait plus l'air d'y penser. Et puis les vacances se sont terminées et le train train a repris. Et de repenser à ça puis d'en reparler avec lui pour qui c'est définitif (elle croyait que ce serait provisoire), ça l'a rendue malheureuse. Jeudi dernier c'était ambiance "Tout va bien" si tu connais cette chanson, Toikimeli. Ma soeur dit qu'elle se sent seul, qu'elle a du mal à le revoir (ils se croisent fréquemment) en feignant de l'ignorer, que ses ami(e) s ont du mal à supporter ses pleurs continuels, qu'elle ne mange plus. J'étais embêté, que pouvais-je faire? A part plagier une chanson du même chanteur "Il était pas digne de toi, faut surtout pas que tu le regrettes"... J'ai pas essayé de lui dire "secoue toi!! ou y a des gens qui meurent de faim", ça ne sert à rien. Alors, j'ai fait le clown, j'ai essayé de la faire rire pour qu'elle pense à autre chose (pour ça je suis plutôt doué).
Ce week-end, elle n'allait pas mieux. Avec ma mère, c'est ambiance "nous on la soutient c'est normal", alors que mon père fulmine dans son coin ne comprenant pas la réaction de sa fille (ou peut-être il extériorise sa fureur de la voir malheureuse). En plus, il n'a jamais vraiment apprécié le garçon (sans l'avoir vu). Je me dis que son attitude ne doit pas l'aider, elle, mais il a raison, il vaut mieux pour ma soeur qu'il reste loin du téléphone. Je regarde mon père avec amusement ou détachement car je le comprends un peu. Il n'y a aucune raison qu'elle s'y attache à ce mec alors à quoi bon? Mais tout le monde n'est pas (tout le temps) rationnel. Essayons de s'adapter à ses états d'âme à elle pour qu'elle s'en sorte. Ma mère s'y prend autrement, elle tient son rôle de louve qui protège la meute en remontant sa fille et en rabaissant l'intrus (ou en le voyant à sa juste valeur, qui sait?).

On ne réagit jamais de la même manière, on a du mal à aider l'autre, enfin à trouver la bonne façon de l'aider. Et quand viendra notre tour, quand la situation sera inversée, on trouvera que nos proches ne comprennent rien ou alors qu'ils ont raison de ne pas s'apitoyer sur un boulet pareil.

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