Après cette soirée, je me retrouve dans cette chambre illuminée d'étoiles (phosphorescentes). Je dors plutôt bien, malgré la pluie qui tombe sur le velux (et je comprends tout à coup ce que ressent ma soeur, ça résonne et ça fait un bruit plutôt agréable). Je me réveille peu avant midi et descends dans le salon. Daphné, sa mère, sa grand-mère et mon père sont là. J'ai une voix horriblement rauque à cause des fumeurs de la nuit dernière. Pendant que les parents préparent le repas, on parle un peu entre nous, on est en petit comité, autant rattraper ce qu'il nous manque (je sais qu'elle a eu pas mal de galères sentimentales, je ne me souviens plus de tout et ne pose pas trop de questions).

On mange ensemble le midi, nous sommes une dizaine autour de la table. Avant le repas, on avait profité de l'absence de Daphné pour "répéter". En effet, pendant le voyage aller, j'ai mis de la musique et en entendant "Bon anniversaire" de Bénabar, je me suis dit que ce serait idéal de chanter ça (on n'est pas en Bretagne mais ce sont ses trente ans tout de même). Tout le monde a trouvé que c'est une bonne idée.
On chante avec le disque ou pas?? Dure décision? Sans le disque c'est plus dur, mais on peut finir la chanson comme et quand on veut. Avec, il faut que ça reste compréhensible et on est forcés de "tout" suivre. Je regrette qu'il n'y ait pas quelqu'un qui maîtrise assez la guitare pour retrouver la mélodie et nous accompagner, comme mon cousin l'avait fait pour les "cent ans" de mes parents. J'imprime les paroles et on décide, après plusieurs écoutes de chanter avec le disque, en coupant la fin, un peu trop amère et en excluant mon père qui chante trop faux, ainsi que les autres qui chantent bien mais ne connaissent pas assez bien et qui me rejoindront pour le refrain. On s'exerce, ce n'est pas terrible, j'articule mal, je suis perturbé par la mère de Daphné qui chante juste et fort mais pas toujours au bon moment (faut dire c'est pas si simple).
Le repas terminé (après quinze heures), il est l'heure de se préparer à recevoir les invités dans une petite maison toute proche pour le quatre heures. On embarque les victuailles, je prends la platine CD et me retrouve seul avec Daphné, qui papote au téléphone. Elle est contente de son week-end, dit "j'aimerais tant aller à la plage maintenant", je souris et la prends en photo. Nous partons ensemble, avec son père, juste quand des amis (vus la veille) se garent. Surprise pour elle, elle ne s'attendait pas à les revoir. Ils me reconnaissent malgré le taux d'alcoolémie de la veille (pour eux) et le manque de sommeil (les enfants, ça se lève tôt).

Il est quatre heures, on est une bonne trentaine dans la petite maison. Daphné a voulu mettre de la musique mais je lui dis "le CD, qui est dedans, c'est pour après". Elle hoche la tête et je sens que ça cogite à l'intérieur, avec son petit regard inquiet "mais qu'ont-ils préparé?". Sur un des nombreux gâteaux, on dispose trente bougies. Daphné les souffle, puis c'est le moment de notre prestation qui n'est pas si éloignée, je le crains, du "cortège d'animations familiales" des mariages (très gais ou pas). Connaissant le niveau de ces animations, je me demande dans quoi je m'embarque (et surtout si je ne vais pas être ridicule). Heureusement, nous sommes rodés (hum) : son père au son (il a la tâche de couper à la fin, avant le dernier refrain), moi entre sa mère et ma mère, au milieu de la salle. Tout le monde est en cercle autour de nous et nous regarde, Daphné, assise par terre, face à nous, n'en perdant pas une miette. On se lance et ça se passe plutôt bien.
A la fin, Daphné ne se jette pas sur nous pour nous embrasser (je m'attendais à ça en fait), elle reste au sol et nous demande les paroles (émue? oui peut-être). Deux minutes plus tard, elle est près de moi pour me remercier. Et là, elle me fait un énorme cadeau en me demandant "Mais comment savais-tu (sous entendu "alors qu'on se voit si peu") que cette chanson décrivait exactement ce que j'ai vécu ou ce que j'ai en tête?" Je lui réponds dans un grand sourire "J'en savais rien, c'est pas moi, c'est Bénabar". Elle m'explique qu'elle s'est souvent retrouvée "à cinq dans la cuisine" quand elle rentrait tard après une soirée avec ses quatre frères et sœurs pour manger un morceau . Elle me dit aussi qu'elle a envie d'arrêter de fumer. Je lui fais remarquer, qu'elle vient de souffler "ces putains de bougies", qu'elle a "mal dormi" (ou peu), et que je l'ai entendue au téléphone avoir envie d'une "balade sur la plage". Je suis content, je ne pensais pas que ça marcherait si bien.

Daphné reçoit plusieurs cadeaux et notamment une série de petits mots. Je vois ses yeux se mouiller à la lecture de certains, elle va embrasser quelques personnes immédiatement après. Elle est émue et ravie, tant mieux.
Mais il se fait tard et nous avons de la route à faire. Nous disons "au revoir" à l'assemblée, préparons nos affaires et partons. Je rentre chez moi, un peu fatigué, mais ravi. Je me dis qu'il faudrait que je contacte le frère de Daphné qui habite tout près de chez moi. Et puis si elle passe dans le coin, ce serait bien sympa de la revoir aussi. Ca fait toujours bizarre de constater qu'on a des points communs et d'autres aspects totalement différents l'un de l'autre. Elle est extravertie, un peu bohème, prête à tout quitter comme ça, sur un coup de tête. Je ne pense pas du tout être comme ça, Toikimeli.
Ce week-end s'est passé à toute allure, c'en était même dépaysant en fait.

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