Hier je suis allé au cinéma sur Paris (ce qui est assez rare, je préfère privilégier les petites salles près de chez moi qui font des efforts de programmation en VO, le tout pour pas cher et sans attendre pour prendre le billet ET pour entrer dans la salle et ça y est je fais des parenthèses à rallonge!!!). J'ai pris la ligne 6 sur une portion plus longue que d'habitude. J'adore cette ligne aérienne (moins les riverains je suppose), surtout quand entre Passy et Bir Hakeim, on traverse la Seine avec vue sur la Tour Eiffel d'un côté et la petite Statue de la Liberté de l'autre. Peu de gens la connaissent cette Statue de la Liberté, la mini-grande soeur de celle de New York. Et puis, la Tour Eiffel, je dois bien avouer qu'en plein jour elle me laisse indifférent mais la nuit, toute éclairée, elle paraît d'une finesse, d'une élégance qui me font chavirer. Je me faisais cette réflexion à Rome, l'année dernière en passant près du Colisée. "Pour les Romains, c'est normal, il fait partie du décor, ils ne le regardent même plus. Comme moi avec la Tour Eiffel en fait." Et pourtant si je quitte Paris, je sais que ces lieux que je connais assez peu vont me manquer.
Je suis arrivé le midi à Montparnasse, c'était étrange, les terrasses étaient pleines, les gens profitant du généreux soleil qui nous fait penser que l'hiver est loin... jusqu'à ce qu'on se mette à l'ombre et qu'on sente la différence. C'est bizarre, en principe, après une semaine de beau temps, on nous parle de sécheresse mais là non! A cause de la politique extérieure? Des problèmes intérieurs? Ou parce qu'on nous a bassinés (c'est le cas de le dire) avec les inondations (potentielles) cet automne? En tout cas, il fait beau et c'est bien agréable.

Je suis allé voir Monsieur Schmidt (site en anglais). C'est très bien, un petit joyau assez humaniste et désespéré mais drôle. Un jeune retraité Jack Nicholson se rend compte que sa vie est un néant, il est inutile et n'a rien fait qui restera. On rigole mais une certaine noirceur est présente, sans pour autant que le réalisateur se moque de ses personnages. Elle est loin l'Amérique triomphante! La voix off est réjouissante d'ironie ("Dear Ndugu"), ainsi que le camping car gigantesque ou le constat de Schmidt "qui est cette vieille qui partage mon lit?". Un film qui n'est pas extraordinaire mais vraiment atypique, et qui nous projette peut-être au moment où nous prendrons notre retraite. Espérons que non!

Tout à l'heure, je suis allé dans mon cinéma voir Loin du paradis (site en anglais). Sur la route, je voulais m'acheter une viennoiserie (pourtant j'étais pas en avance). La boulangerie était fermée et on pouvait lire sur la porte une pancarte : "Arrêt de travail (pour cause de) travaux". Drôle, non? Le film était pas mal, axé sur les années cinquante (de manière assez réaliste me semble-t-il), parlant de problèmes qu'on ne mentionnait pas dans les années cinquante. L'atmosphère est bonne, les acteurs aussi (notamment le Sénateur David Palmer de "24 heures chrono", ma série préférée de l'année, j'en parlerai longuement, une autre fois) mais le scénario est un peu longuet. On voit où ça va, et je me suis un peu ennuyé à vrai dire. Pourtant le film n'était pas mauvais, mais pas passionnant, non plus. A moins que je n'ai subi le contrecoup de la veille.

Car la veille, après Monsieur Schmidt, je suis allé dans le petit cinéma près de chez moi voir La cité de Dieu (site en anglais). Je ne connaissais pas ce film à part "un film dur sur une favela à Rio". Film dur, c'est rien de le dire (interdit aux moins de seize ans en France). J'ai été captivé tout de suite par cette longue saga. La première heure est un pur chef d'oeuvre qui rapproche ce film des Affranchis de Martin Scorsese. Dans ma bouche (ou sous ma plume plutôt, encore que je n'écris pas à la plume), c'est un compliment énorme car "Les Affranchis" est pour moi, un chef d'oeuvre de bout en bout. Et je pense que La cité de Dieu peut soutenir la comparaison sur cette première heure. D'ailleurs en transposant de New York à Rio, on trouve un peu les mêmes ingrédients explosifs. Ensuite la deuxième moitié du film est "juste" très bien. Au final, un film sur un quartier avec un narrateur, Fusée, qui est dans la favela mais plus comme spectateur que comme acteur, une pléthore de personnages, tous très bien présentés (on ne s'y perd pas), une mise en scène vive et rapide (qui peut en énerver certains), une histoire captivante, simple à comprendre mais très intelligente sur l'évolution d'un quartier, de son crime plus ou moins organisé, des polices corrompues et de l'avenir, pas si rose. On devient intime avec le Trio Tendresse, Canard, Noiraud, Béné, Petit Zé, Manu Tombeur, Carotte, Tignasse, Angelica, Steak frites et des tas d'autres. Et bien sûr Fusée, en dehors mais au centre de l'histoire, comme la favela. On a peur avec eux, on est choqué de ce qu'ils font même si ça peut nous paraître justifié.
Ce film m'a estomaqué, la première moitié est épatante, impeccable, même si ça ne reste pas à ce niveau jusqu'au bout, c'est toujours bien au-dessus du lot. Je pense que ce film gagne à être revu quand on connaît l'histoire pour voir l'évolution de cette favela telle qu'elle est racontée dans le film (adapté du livre éponyme). Mon meilleur film de l'année 2003 à ce jour! Toikimeli, si tu peux accepter un peu de violence, si tu as aimé Les Affranchis ou si tu aimes les films parlant de plein de personnages, va voir La cité de Dieu.