Pendant la grosse réunion, j'ai eu un peu plus de temps libre. Enfin, je
devais rester là au cas où Sancho vienne
en urgence avec une question. L'assistante qui partage mon cagibi est partie se
balader, j'ai pu un peu aller sur le net, ça fait plaisir.
J'ai aussi appelé
Sylvia : "Salut, c'est Monvraiprénom". Elle capte
tout de suite et me raconte (avec un accent, ça c'est sûr), combien elle est contente de me recevoir etc etc (j'abrège).
"Et puis, ça sent la menthe chez moi, c'est un délice, c'est un poulet à la menthe, à la cassonade et aux pruneaux que
je te prépare. Au fait que n'aimes-tu pas comme mets?". Je réponds en souriant "Les plats sucrés salés" (note, Toikimeli,
ça peut servir, si tu me fais à manger un jour). Emoi à
l'autre bout du fil "ah mais c'est déjà cuit, zut". Bien entendu, je tente de la rassurer et je rigole en disant que ce
n'est pas bien grave.
Le soir, j'ai accompagné quelques
personnes de ma boîte au repas (comme d'habitude en fait, ben oui, c'est toujours un "journal d'entreprise" ici, semi
private joke). Le président de
LOJTZone (absent) tenait à ce qu'on aille au
Blue Note.
Mon cousin m'avait dit, il y a deux
ans, que c'était surtout pour les touristes, d'ailleurs on était allés (le soir
de mon arrivée, ouch le décalage horaire) au
Village Vanguard. J'y
vais, parce que je n'ai pas grand chose de mieux à faire ce soir là et je me dis que je n'y retournerai pas de sitôt.
On est six, l'ambiance est bizarre, pas mal de touristes effectivement. Je n'y connais pas grand chose en jazz, mais
c'est vrai que ça fait très "reprise de vieux tubes". Tout le monde apprécie, moi je trouve ça sympa mais sans plus. On sort
de là, il est près de 22 heures. On commence à marcher mais devant la distance (45 blocs) et surtout le froid glacial
(avec un grand vent en plus), on se rabat sur un taxi. Un ponte essaye d'en arrêter un mais c'est peine perdue, le
boulevard est trop grand. Un grand bus d'écoliers jaune freine devant nous (il y a un feu rouge), ça nous fait rire (oui
on rigole de peu de choses parfois). Ensuite, c'est une grande limousine noire qui pile devant nous. Le chauffeur nous dit "10 dollars
par personne" (nous sommes six je le rappelle). Un ponte (un autre) dit "30 en tout", "50" répond le chauffeur, "40",
"non c'est trop bas", "ben alors tant pis" dit le ponte en s'éloignant. "OK ça marche" dit l'autre. On rigole (encore)
et on monte à l'intérieur, c'est une première pour bon nombre d'entre nous. Intérieur bien ringard, avec des lumières qui
changent progressivement de teintes, plein de verres, des mini-télés etc. Le plus bizarre en fait (outre que ce
soit assez faute de goût), c'est d'être perpendiculaire à la route et voir les trottoirs à travers la vitre fumée,
comme si on était devant un écran.
Le lendemain, la journée est plus courte (mais on me laisse moins tranquille). Sancho
angoisse à l'idée qu'on lui pose une question et se sert de moi comme public pour répéter. La réunion se termine plus
tôt que prévu, tout s'est très bien passé (j'ai l'impression que c'est toujours le cas, en fait), encore mieux que
d'habitude. On nous remercie des efforts, du travail... et c'est quartier libre. Enfin pas pour moi, je tente de
préparer un fichier pour ne pas avoir à revenir la semaine prochaine pendant mes vacances. Ca me prend un peu de temps (j'en
profite aussi pour dire au revoir à mon pote qui reste là bas). Vers 17 heures, tout est prêt, je laisse mon ordinateur
dans un bureau (ça veut dire que je devrais aller le rechercher mais je n'ai pas à le trimballer partout entre-temps) et
je vais à l'hôtel. J'avais payé la note le matin (2500 dollars en gros, dont 121 de pressing), tout est prêt. J'attends
la voiture qui doit venir me chercher (oui on a droit aussi à ça chez LOJT) pour
m'emmener à l'aéroport. Le temps passe et je n'arrête pas de me dire "dans dix minutes, j'appelle". Alors que j'allais
le faire (si, si), un collègue passe et s'inquiète pour moi. Il prend le numéro et revient : "elle sera là dans huit minutes".
Un quart d'heure plus tard, le gars est là, disant qu'il m'attendait devant le siège de ma boîte (et non pas devant
mon hôtel). Je m'étonne un peu quand il dit que c'est de ma faute (ou celle de l'assistante qui a fait la réservation)
car ça me surprendrait beaucoup. De toute façon, il a trente minutes de retard et j'ai peur de rater mon vol. Manhattan
est bien bloqué ce vendredi soir, je me fais du souci. Les informations sur le trafic à la radio ne sont pas
terribles. On mettra plus d'une heure au total, mais j'arrive à temps.
J'enregistre mes bagages (très pratique :
on se fait délivrer sa carte d'embarquement puis on attend ailleurs que la valise passe aux rayons X) puis entre
dans l'avion (42 places, tout n'est pas plein), après avoir enlevé mes chaussures pour le contrôle.
L'hôtesse de l'air est un sémillant sexagénaire (ça me fait rire aussi).
Le vol
dure une heure trente, j'ai le temps de potasser quelques bouquins (pas simple l'histoire politique des canadiens
francophones). On est un petit peu en retard (dix minutes, ça va tout de même). J'admire les points de vue sur
mes lieux de décollage et d'atterrissage, de nuit c'est pas mal. L'avion se pose et on doit aller à pied jusqu'à
l'aéroport. Il y a de la neige par terre (pas beaucoup mais tout de même) et surtout un vent glacial qui transperce les vêtements.
J'arrive dans l'aérogare, je jette un coup d'oeil au dessus et voit
Sylvia qui est là (ouf). J'attends mon tour à la douane (dix bonnes
minutes).
Je montre mon passeport. "Comment ça se prononce??". Je résiste à l'envie de dire "Dommage qu'on ne parle pas
français au Québec!!" parce que ça n'aurait servi à rien, ce sont des agents fédéraux et puis on fait l'erreur en France
aussi (sans me poser la question d'ailleurs). "Vous venez pour quelles raisons?" "Personnelles" puis me reprenant car
je me méfie des faux amis "Voyage d'agrément".
Je passe et récupère ma valise qui fait le tour du tapis roulant (parce
que trente bagages, c'est pas énorme tout de même pour un avion... et avec le temps qu'on a attendu, elles ont eu le
temps de venir). Je me dirige vers le fond de la salle quand un douanier regarde mes papiers et me dis "Attendez là".
Chouette, je vais être fouillé. Je remarque qu'il arrête une personne sur deux et pas que des étrangers. "Euh, on attend
quoi?" "Qu'un officier arrive" répond le douanier en montrant ses collègues qui vérifient les passeports. Ca a l'air
d'être bien parti cette histoire. Je prends mon mal en patience. Cinq minutes plus tard, je fais la queue ailleurs.
Mon tour arrive, je passe la valise dans la machine à rayons X puis pose mes sacs. Dialogue surréaliste :
Douanier suspicieux, tout en fouillant ma valise : Vous venez en touriste, vous connaissez du monde ici?
Cegosum : merde, je dis quoi??? Allez la vérité ce sera plus simple. Euh oui.
D surpris : Une personne de nationalité canadienne?
C : Oui
D : Son nom?
C : Nom et Prénom de Sylvia.
D : Profession?
C : Euh retraitée, je crois
D : Vous la connaissez d'où?
C : merde, je dis quoi, bis??? Allez la vérité ce sera plus simple, bis Je l'ai connue sur internet.
D un peu surpris qui arrête de fouiller ma valise : Sur l'internet?? Bonne chance! Quelle tâche, mais il me fait
rire ce con. Comment vous l'avez connu?
C : il va arrêter avec ses questions, je vais pas lui en dire plus tout de même. Euh on a des goûts en commun.
s'il demande lesquels, j'invente, je n'irai pas plus loin
D : Vous avez des cadeaux?
C : Héhé, je te vois venir mon coco. Parce qu'au delà de 60 dollars, il y a une taxe. J'ai déjà dit "non" à ta
collègue tout à l'heure. Alors, je vais passer pour un mufle mais je n'ai pas de cadeau, enfin rien qui y ressemble
(et puis c'est plus un clin d'oeil qu'autre chose) Non aucun.
D : Vous ne restez que six jours, pourquoi? Et pourquoi, vous venez de New York?
C : Je travaille pour une boîte américaine, je suis venu accompagner mes chefs et j'ai pris une semaine de vacances
ensuite, à Québec puis Montréal.
D : Vous travaillez où?
C : Chez LOJT
D : Bonne boîte!
C : Oui pour l'instant, ça va.
D : Pourquoi "pour l'instant"?
C souriant : andouille Parce qu'on ne peut pas préjuger de l'avenir. Le con, il s'approche de ma poche où
j'ai rangé les ciseaux. Je le préviens?? Allez oui. J'ai rangé mes ciseaux ici.
D vérifiant le tout, mes cartes postales, mes relevés de compte de ma carte de crédit : Bon, attendez là.
Il sort et revient trois minutes plus tard en me disant "C'est bon". Il a demandé à parler à
Sylvia : qui attendez-vous, l'avez vous déjà vu,
pourquoi vient-il (Mais pour me voir bien entendu. On va à Montréal dimanche, des gens viennent d'Ottawa pour
le voir), que fait-il dans la vie, pour quelle entreprise travaille-t-il???
Je sors, ayant peu apprécié le
frais accueil de ce pays si hospitalier (hum hum) et tout content d'avoir donné assez d'informations à
Sylvia, qui en rigole bien évidemment.
On arrive à sa voiture, je suis assez éreinté (la semaine, le voyage, la douane). Mais, Sylvia tient à me montrer sa ville (qu'elle adore) : l'université, le centre ville de nuit, dans les murailles et en dehors. Je regarde d'un air un peu distrait, je l'avoue. On arrive près de l'eau (au bord de silos à grain) pour avoir une vue de Québec. Je demande benoîtement "c'est ça le Saint Laurent?" trouvant le cours d'eau un peu mince. Elle explose de rire "non c'est une marina, ça!!" (de nuit c'est pas très clair). On rentre chez elle, il est près de minuit. On se met à table (jambon à l'orange, chouette!) et on parle beaucoup, en écoutant de la musique. On se couche bien tard (je dors dans une chambre de fille, c'est indéniable). L'accueil est parfait (j'ai même des cadeaux... plein même, je suis limite gêné d'avoir apporté si peu de choses)
Le lendemain, on se lève relativement tôt. On bavarde un peu (beaucoup). Puis, on se balade dans Québec. Il fait
très froid, et surtout le vent accentue cette sensation. On va d'abord à l'observatoire pour avoir un
point de vue général sur la ville. Nous sommes garés à vingt mètres à peine de l'entrée et pourtant le vent violent (j'ai
failli m'envoler) me glace instantanément (maudit pays). Du haut de la tour, on voit bien les édifices.
C'est joli Québec, surtout
avec ce soleil qui illumine la ville. Et puis ces grands espaces verts, partout. Il y a une place immense
et une faible densité de population. "L'idéal, ce serait de mettre les villes à la campagne" (Alphonse Allais), c'est un peu le cas ici.
On se balade un peu, affrontant le froid, au bord du fleuve, dans les
vieilles rues du centre à l'intérieur des murailles et hors les murs. On va un peu en dehors, nous arrêtant pour apprécier
d'autres points de vue sur Québec (j'ai dû tous les faire ou pas loin...). Le soir, on s'arrête faire quelques courses (je
regarde les CD français pour voir ce qui s'exporte, c'est intéressant). On mange assez tard (chouette du poulet à la
menthe, avec des pâtes aux crevettes et pastis, c'est vrai) en parlant beaucoup de musique et de diarisme. On se couche très tard.
Petit bilan : jolie ville, assez atypique, bien conservée (avec ce froid faut dire), je suis sûr qu'il y a plein d'autres
choses à voir, une visite plus approfondie s'imposerait presque (un jour peut-être).
EDIT : Bon, apparemment, j'ai mal compris, il n'y avait pas de menthe dans le poulet (cf commentaires), mais je reste persuadé qu'elle m'a parlé d'odeur de menthe au téléphone. J'ai sans doute mal compris (l'accent??). A part ça, j'ai aussi oublié que le douanier a aussi voulu savoir précisément ce que je faisais comme travail, en quoi ça consistait...
* titre tiré de l'excellent South Park le film (oreilles pudibondes s'abstenir)
Commentaire(s) :
Warning: mysql_query(): supplied argument is not a valid MySQL-Link resource in /mnt/108/sda/0/0/cegosum/commentaires-2.0/commentaires/config/fonctions.lib.php on line 47
Warning: mysql_fetch_array(): supplied argument is not a valid MySQL result resource in /mnt/108/sda/0/0/cegosum/commentaires-2.0/commentaires/config/fonctions.lib.php on line 48
[]
Note du 20 décembre 2005 : Hmmm, entrée très narrative que j'apprécie tout particulièrement pour les petits détails (Blue Note, douanier, poulet Marbella, marina...) qu'elle recèle.
Commentaire(s) :
Warning: mysql_query(): supplied argument is not a valid MySQL-Link resource in /mnt/108/sda/0/0/cegosum/commentaires-2.0/commentaires/config/fonctions.lib.php on line 47
Warning: mysql_fetch_array(): supplied argument is not a valid MySQL result resource in /mnt/108/sda/0/0/cegosum/commentaires-2.0/commentaires/config/fonctions.lib.php on line 48
[]