Je suis chez mes parents, mon ami d'enfance Henri est là aussi. Il vient me voir alors que je suis pressé, ça me fait plaisir, mais ce n'est pas le moment. Et bon sang, pourquoi me demande-t-il le manuel d'un super vieux jeu (Dungeon Master, oui Toikimeli, ça ne nous rajeunit pas)? Et en plus, il demande des conseils, comme si je me souvenais de tout, quinze ans plus tard. Forcément, je mets du temps à le faire partir (en toute courtoisie) et je me rends compte qu'il est 11h05. Mon train est parti, il y a dix minutes! Sachant que j'ai au moins une heure de trajet jusqu'à la gare, qu'il faut que je change mon billet (et qu'accessoirement mes affaires ne sont pas prêtes), je ne sais pas quand je vais arriver. Et puis, il faut que je la prévienne aussi. Soudain, la radio démarre, il est 9h30, je me réveille... un peu soulagé. Ca m'apprendra à me coucher si tard.

Finalement (même si ça me travaille puisque j'en rêve), tout se passe bien et je suis à la gare à l'heure. Ca me fait marrer de partir de la Gare du Nord, de me diriger vers le nord et d'arriver Gare du Midi.
Pourquoi je vais là bas? Pour plusieurs raisons. D'abord, c'est souvent elle qui vient, alors c'est normal de changer un peu. Ensuite, il faut reconnaître que quand elle vient, nous sommes souvent en groupe, on se parle peu et c'est dommage. J'avais envie d'aller un peu plus loin. Et puis, ça me paraît tellement étrange, cette grande ville si proche dans laquelle je ne suis jamais allé. Prendre la fuite pour une journée, ça m'intriguait aussi, cette parenthèse hors de mon espace habituel. "De Paris sept heures du matin, jusqu'à Paris sept heures du soir"... comme chante Delerm.

Je vais dans le hall, on met un peu de temps à se retrouver. Pour me moquer d'elle, j'avais amené mes lunettes de soleil. On se salue puis on part vers le métro. Marrant de voir le faible nombre de lignes et la grande mobilité : chacun est supposé prendre son billet, il n'y pas de barrière (et peu de contrôles, il parait), ça donne un espace plus ouvert. On se balade un peu dans les coins touristiques avant d'aller manger sur les quais (même s'il n'y a plus de rivière). On parle beaucoup, bien entendu. De nos familles entre autres : "Ta famille sait que tu es là?", " "Non, parce que ce serait trop compliqué. J'ai un copain ici que je n'ai jamais vu mais si je vais le voir ce sera pour tout le week-end. Et puis même, diplomatiquement, il me serait assez difficile de rendre visite à ce pote alors que je ne suis pas encore allé voir ma soeur... Donc, je n'ai rien dit." Elle se moque "Alors je peux te tuer et te jeter dans les égouts, personne n'en saura rien! " Non, certaines personnes sont au courant tout de même.

On continue à marcher, dans le froid. Je trouve la ville assez calme par rapport à un samedi après midi à Paris. Nous cherchons longuement une boutique, nous trompons de chemin (elle connaît mal cette ville) puis reprenons le métro pour arriver enfin à la maison mère et acheter les petits fours chaudement recommandés.
Mais l'heure tourne et mon départ est proche. Nous retournons à la gare, nous asseyons pour prendre un dernier verre et manger quelques petits fours

Et puis, je repars, arrivant chez moi vers les vingt heures, remarquant que la semaine dernière en restant sur Paris, je m'étais absenté plus longtemps. Fin de la parenthèse, retour au quotidien, avec une pensée tout de même pour le regard bleu et le dé rouge rencontrant des yeux marrons et un dé bleu.

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