Ca fait déjà un an! Et pourtant dans ma tête, c'est encore frais. C'est étrange ce mélange entre l'Histoire (la grande) et l'histoire (la mienne, la petite). Tout avait bien commencé pourtant et malgré la fin abrupte je garde surtout en mémoire le bon côté. Pour que tu comprennes, Toikimeli, il faut revenir quelques semaines en arrière.
Un jour (en février 2002, je suppose), mon père nous annonce "Le CE de ma boîte propose un week-end à Rome en avril. Si ça vous intéresse, vous pouvez venir. Bien entendu, Cegosum, on invite ta soeur (étudiante) mais tu payes ta part". Tout le monde est enthousiaste (ça ne me pose pas de problème de payer mon séjour, je gagne ma vie et le tarif n'est pas trop cher), Rome au printemps, chouette! En plus, j'y étais allé près de dix-huit mois plus tôt en août 2000 avec Rodrigue et je connais un peu la Ville Eternelle. Ce qui est bien, c'est qu'on aura aussi beaucoup de temps libre, on pourra donc s'organiser comme on le souhaite. Tout le monde donne son accord et je vais demander congé pour le vendredi et le lundi. Peu de temps après, ma mère me dit qu'il y a un petit souci, le week-end choisi tombe assez mal, le premier tour des présidentielles. Forcément, ça nous ennuie un peu, mais on trouve vite des raisons de partir à Rome "on ne s'abstient jamais, pour une fois, ça pourrait être "notre" tour, non?", "de toute façon, on sait ce qui va se passer au premier tour des élections, non?" (merci de ne pas rire, tu pensais pareil, il y a un an, Toikimeli). On décide de fuir la France le temps d'un week-end, ça va pas être la catastrophe quand même!
Nous partons vendredi en fin d'après-midi avec des collègues de mon père puisque c'est son entreprise qui organise le voyage. L'embarquement est très lent mais le voyage se passe bien. J'ai bien préparé le coup : j'ai demandé des infos à Ella sur les coins à voir (et où manger) et puis je me souviens de ce que j'ai fait avec Rodrigue. Quelques mois plus tard (l'automne passé), je me suis rendu compte que je reconnaissais pas mal d'endroits. C'était chez Thierry et Isabelle, on parlait devant la télé allumée. Elle était là en fond sonore parce que bon l'élection Miss France, je ne suis pas trop fan (merci de ne pas rire, bis). Et puis lors de la présentation des prétendantes sur fond de voyage dans l'ouest méditerranéen, certaines miss font escale à Rome et je me surprends à reconnaître les endroits (très touristiques) filmés. J'oublie les miss et me revois à Rome avec Rodrigue ou ma famille, bizarre comme ses images vont tout de suite travailler la mémoire.
Il est tard lorsque nous arrivons à Rome. Nous nous installons dans notre hôtel puis partons en groupe vers le centre. Il fait relativement frais devant la fontaine de Trevi. Ca m'avait marqué avec Rodrigue, il faut y rester longtemps, malgré la horde de touristes (c'est énervant tous ces gens qui voyagent en même temps que nous, non?). En trente secondes, t'as fait le tour, c'est sympa de voir cette fontaine et ses escaliers. Au bout de deux minutes, c'est un peu saoulant toutes ces personnes qui se font photographier jetant une pièce de monnaie (pour revenir à Rome) dans la fontaine. Il faut garder patience, s'asseoir et attendre un peu en regardant les touristes. Cinq minutes plus tard, c'est très marrant d'observer les gens, leurs sourires semblables devant l'objectif et les différentes manières de lancer la pièce. Il suffit d'attendre pour que cela devienne une sorte de manège immuable, répétitif et pourtant différent. En rentrant, nous passons près du Colisée illuminé et je me dis (comme indiqué le 19 mars) que seuls les touristes doivent le voir, pour les Romains, il fait partie du décor, c'est normal qu'il soit là.
Le lendemain, c'est la visite guidée des forums et Colisée (souvenir d'un cuisant coup de soleil pour avoir attendu une demi-heure à 14 heures en août) avec notre guide, Cesare (c'est son vrai prénom). Ensuite, c'est quartier libre. Notre groupe se forme : en plus de ma famille, un couple et un gars qui partage ma chambre. Je guide tout ce petit monde vers la Piazza Venezia (bof) et le Campo di Fiori. Bizarre cette place c'est la préférée de pas mal d'amis mais je n'ai pas été séduit quand j'y étais avec Rodrigue et là c'était la fin du marché. C'est bizarre que tout le monde aime et pas moi, faudrait que je retente. Nous trouvons un excellent restaurant indiqué par Ella, à deux pas de la Piazza Navona (grande place rectangulaire). On remonte vers la Piazza di Spagna. J'adore cet endroit (ce qui est assez peu commun apparemment) pour le côté grouillant, sans voiture, les escaliers qui montent vers l'église, ça vit, ça bouge, j'aime ça. Ce samedi, la place est noire de monde, je remarque même un couple qui se marie (au milieu de milliers d'inconnus, bizarre). Nous montons pour avoir un beau point de vue sur Rome et le bas de la place, magnifique car les escaliers sont remplis de fleurs roses et blanches. C'est beau Rome!
Nous prenons le métro pour le Vatican, trouvons une gelateria (gelati = glace) puis visitons Saint Pierre de Rome. Nous montons à la coupole pour voir l'intérieur de la Basilique accrochés au toit puis allons un peu plus haut à l'extérieur pour profiter du point de vue sur la ville (pas trop près du bord, j'ai le vertige). Ensuite, nous redescendons pour visiter l'intérieur. J'aime beaucoup cette Basilique, majestueuse, imposante mais sobre, remplie de chefs d'oeuvre (dont la Pieta de Michel-Ange) mais assez épurée (faut dire il y a de la place et le "taux de chefs d'oeuvre" est minime si tu compares à celui du musée du Vatican). Bien sûr, je n'oublie pas que cette basilique a été construite avec l'argent des indulgences mais quand même, j'aime beaucoup. A l'extérieur, nous cherchons les points (indiqués au sol) qui indiquent l'endroit où les doubles colonnades sont masquées (on en voit qu'une) puis partons. Après quelques pérégrinations, nous voici à Trastevere (de l'autre côté du Tibre), quartier que je ne connais pas du tout. Nous mangeons dans un restaurant sarde (bon et assez cher). Il est 22 heures, on se balade dans le quartier et c'est impressionnant, les rues se remplissent de voitures et vespas, les restos sont bondés, on sent que les Romains sont de sortie. On est en avril, il fait beau et tout le monde arrive dans ce petit quartier. Nous assistons à un concert improvisé, prenons un pot puis retraversons le Tibre pour trouver un moyen de transport (notre hôtel est très loin). Peine perdue, on n'en trouve pas (et essayer d'arrêter un taxi Piazza Venezia n'est pas facile quand ils roulent à 80 km/h). Finalement, nous marchons jusqu'à notre hôtel et arrivons crevés, une bonne heure de marche, c'est un peu dur après une journée de balade. Nous apprendrons le lendemain qu'il fallait rester à Trastevere, à 300 mètres un peu plus au sud, il y a une station de taxis (je suis sympa je partage l'info, Toikimeli).
Le lendemain, nous partons tôt vers Saint Jean de Latran puis avant d'aller vers le Cirque Maxime, nous suivons
le conseil d'Ella en passant par le "Giardino degli aranci", le jardin des oranges,
splendide coin de paradis aux senteurs d'orangers en fleurs. Nous visitons ensuite le Capitole (effectivement la roche
tarpéienne n'est pas loin,
quelle conne cette Tarpeia)
puis nous mangeons dans un restaurant proche de l'ambassade française, le fameux Palais
Farnese (habiter dans un palais de la Renaissance, je veux être ambassadeur de France à Rome!!!). Là, l'ambiance s'est un
peu dégradée. Il faut dire que mon père étrennait son appareil photo numérique et que la carte était pleine à ce
moment là. Nous lui proposons d'enlever les photos ratées, mon père accepte et donne l'appareil à ma soeur qui
tripote un peu les boutons et dit "c'est super, on peut même changer le format! "Are you sure?", ben oui", elle
appuie et se rend compte qu'elle vient de formater la carte avec les cent dix photos (ce n'était pas pour
changer le format mais de l'anglais "(to) Format"). La fureur paternelle qui s'ensuivit a duré un bon moment (une
semaine?). Dans ce même restaurant, le gars de notre groupe s'étonne de me voir mettre sur les côtés de
l'assiette les petits morceaux rouges de mes penne all'arrabiata. Il en goûte un et la vue de ses joues rouges me
confirme que c'est bien du piment.
En plus de l'ambiance, le temps se dégrade aussi! Nous nous dirigeons
vers le Panthéon puis rejoignons la Pizza di Spagna sous une pluie assez forte. Le départ est proche mais il reste
un truc à faire, la gelateria Fassi, connue dans tout Rome (il n'y a que des Romains, c'est bon signe).
Dans le métro, nous croisons un collègue de mon père et
son fils! Ils nous rejoignent et je guide tout ce petit monde du métro Cavour jusqu'à la Via Principe Eugenio.
C'est une gelateria dans un splendide décor des années trente (enfin, n'oublions pas qu'il y avait des choses moins
splendides dans les années 1930 à Rome) : c'est pas très cher, très bon et le choix de parfums est impressionnant. C'est
un peu bizarre de payer d'abord et de commander ensuite (surtout qu'on paye pour un contenant, après deux ou trois
boules de glaces, c'est le même prix). Nous rejoignons notre hôtel un peu en avance (à ceux qui se plaignent de ne pas avoir
eu de glace, nous indiquons l'adresse, c'est à cinq cents mètres). Puis c'est le départ vers l'aéroport.
Nous embarquons peu après vingt heures et sommes déjà au courant des résultats du vote en France. Forcément, c'est l'étonnement et la consternation. On ne peut pas partir deux jours sans que ça se casse la figure!! Le retour à la réalité est assez rude et Rome s'éloigne très vite. Dans l'avion, je ne dis rien (ce ne sont que les premières estimations, restons prudents). Lors du retour de l'aéroport, dans la voiture familiale, les langues se délient et je remercie du fond du coeur mes parents et ma soeur d'avoir fait les démarches pour le vote par procuration. Ils avaient tout préparé, tout rempli, je n'ai plus eu qu'à me rendre à la gendarmerie et signer le papier. Un grand merci car sans eux, je n'aurais pas voté (ce n'est qu'une voix mais c'est MA voix) et je me serais senti très mal à l'aise (en plus, je suis assez fier de ce que j'ai voté).
Avec le temps, ma mémoire garde de ce week-end, malgré la fin abrupte, un bon souvenir de ces balades romaines. Même les aspects ennuyeux (pluie, marche nocturne, formatage) sont évoqués avec sympathie désormais. Je retournerai à Rome (même s'il y a aussi beaucoup à dire sur le gouvernement italien actuel), je commence à mieux connaître, à m'y sentir bien, j'ai encore plein d'endroits à découvrir. J'adore cette ville si proche et lointaine à la fois, "thérapie" le mot est un peu fort mais l'idée est là, puisque comme disait Cocteau "Les Italiens sont des Français de bonne humeur".
Commentaire(s) :
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Note du 26 avril 2005 : Mélanger
l'histoire et l'Histoire j'aime bien, ça multiplie les degrés de lecture. Avais-je
envie de trouver un prétexte pour parler un an après de cet événement politique
(bien refroidi un an après)? Peut-être encore que je ferai "pire" juste après.
Dans cette entrée, j'apprécie beaucoup le titre et la fin (j'adore cette citation
de Cocteau) et puis tout ce que ça me rappelle. Il faut que je continue à faire
ce genre d'entrées car si j'avais encore en mémoire le plus gros de l'histoire,
j'avais oublié certains détails. Très plaisant à relire et ça m'a amené pas
mal de gens cherchant des renseignements sur des gelateria le palais Farnese
ou Tarpeia (lien changé), les hasards des moteurs de recherche...
Commentaire(s) :
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