Mercredi dernier, sur le forum de La Règle du Je, Théo a lancé un thème de discussion intéressant (je fais des pléonasmes si je veux, Toikimeli). Malheureusement (enfin pour les archives uniquement), le site a déménagé et l'ancien forum n'a pas été transféré. De mémoire, Théo parlait du sexe du lectorat, si les diaristes le connaissaient, si (et si oui comment) cela leur influait sur l'écriture ou le rapport au lecteur. Même chose pour le sexe des journaux que les diaristes lisent. J'y ai réfléchi et ai répondu sérieusement (ça m'arrive parfois). Je ne m'étais pas posé la question en fait. Je vais te livrer ici le fruit de mes cogitations. Pour ton information, Théo a mis un sujet pour continuer la discussion sur ce thème dans le nouveau forum.
C'est bizarre, je n'ai jamais pensé au sexe de "mon" lectorat (oui je mets des guillemets, Toikimeli, tu as le droit d'en lire d'autres ou même de partir) en rédigeant mes entrées. Je sais que j'ai souvent taquiné certaines diaristes que je lis, quand elles font des entrées émoustillantes ou très touchantes, à faire fondre un chevalier blanc (et son armure): "Avec ce que tu mets en ligne, tu as dû recevoir bon nombre de brassées de fleurs ou de rivières de diamants", apparemment non, même pas (pfff, un peu décevant quand même). Alors, c'est peut-être étrange, mais je n'ai jamais pensé que ce que j'écris s'adresse plutôt à des hommes ou à des femmes. Toikimeli, je n'ai rien contre les brassées de fleurs mais ça me ferait un peu bizarre d'en recevoir (pas la peine de m'envoyer une rivière de diamants, je ne la mettrai pas, enfin ça peut faire un cadeau boomerang...)
En revanche, en tant que lecteur, j'ai plus de choses à dire. Pour cela, il faut que je remonte au début.
Je suis "tombé" dans le diarisme (côté lecteur donc)
par hasard, il y a près d'un an. En cliquant sur un lien, j'ai trouvé le site de
Kiliane. Je me souviens
être passé en vitesse, avoir parcouru une entrée, un peu surpris, un peu blasé ("c'est quoi ce truc?"). Je suis
parti assez vite et suis revenu un peu plus tard et un peu plus longtemps. Suis-je resté parce que c'était
le journal intime d'une diariste (et pas d'un diariste)? Possible, je pense néanmoins que j'ai apprécié la prose et que
cela aurait pu aussi se produire si j'étais tombé sur un diariste. J'ai dû revenir une fois ou deux avant de tout
reprendre depuis le début. J'étais assez mal à l'aise en lisant, le sentiment (un peu malsain, un peu voyeur)
d'entrer dans l'intimité d'une personne (mais dans la partie qu'elle a choisie de partager, ne l'oublions pas) et
en même temps cette personne me semblait plus proche, plus palpable, plus réelle. Je découvrais sa vie au jour
le jour, ça m'a fait assez bizarre. Théo dit (j'espère
ne pas me tromper) qu'on recherche la séduction ou l'identification dans la lecture ou l'écriture d'un journal
en ligne. Je ne nierai pas l'aspect "séduction, j'entre
dans la tête (enfin dans les écrits mis en ligne) d'une personne du sexe opposé" mais l'identification est aussi
importante : pas forcément parce qu'on a vécu la même chose mais aussi parce qu'on découvre d'autres points de vue,
d'autres logiques ou qu'on arrive enfin à formuler ce qu'on avait en soi sans pouvoir le définir précisément. Trouver
des mots, les jeter sur le papier virtuel, ça aide à fixer ses pensées (et à les partager donc).
Ensuite, je suis allé lire d'autres diaristes et plutôt des femmes (à partir de la liste de liens de
Kiliane). Je sais que j'ai eu un peu le sentiment de la trahir
en allant lire d'autres personnes (et je sais que ce sentiment est idiot, mais je le ressentais quand même). En plus,
j'avais écrit pour lui faire part de mes impressions (en parlant de moi, comme si je devais aussi me dévoiler
un peu étant donné tout ce que j'avais appris sur elle). J'ai commencé à zapper sur d'autres journaux, sans vraiment
les lire en profondeur. Et puis je me suis attardé sur certains, me surprenant à revenir pour lire les mises à jour. J'ai encore
plus eu le sentiment de trahir
Kiliane
quand j'ai décidé d'écrire à une autre diariste (c'est encore idiot, oui je sais).
Je lui en ai parlé avant (tu peux trouver ça risible, Toikimeli, mais je trouvais ça plus réglo).
Après, je suis
devenu un grand amateur de journaux en ligne, j'essayais de lire beaucoup de mises à jour, voire de compulser les archives
pour mieux comprendre l'auteur.
Pour reprendre le tout, je dirai que le fait de commencer par un journal féminin a sûrement joué un rôle dans mon "accrochage" (mais c'est difficile de refaire l'histoire). Il est vrai que j'ai plutôt privilégié d'autres journaux féminins par la suite. En fait, comme un caillou jeté dans l'eau fait des cercles concentriques à la surface, j'ai dû lire un puis deux puis trois puis cinq puis dix... journaux (non je n'ai pas fait le décompte de tous ceux que je lis). Les journaux masculins sont arrivés "naturellement". J'ai découvert quelques personnes qui me sont assez proches, par certains points de caractère (je remarque qu'il faut souvent savoir lire entre les lignes).
Regarde la liste (non complète) des journaux que je lis, il y a autant de femmes que d'hommes
(c'est un hasard le 50/50 parfait et cette liste va sans doute évoluer, l'important est juste de montrer que
le sexe n'est pas déterminant). Finalement, je m'en rends compte que si, de manière impulsive, je lis pour le
côté attirant, ce n'est pas pour ça que je vais revenir. La personnalité, la sensibilité, les émotions que je retrouve
ou découvre, tout ça fait que je prends plaisir à lire un journal. Ca n'a finalement peu à voir avec le sexe
de l'auteur.
Je lis certains parce que j'aime leur humour, leur sensibilité, leur talent, la manière dont ils défendent leurs points
de vue. Certains sont de petits bijoux et je regrette de ne pas avoir leur talent (OK parfois, je les jalouse un peu).
En repensant à mon texte du 11 février, (je ne l'ai pas relu), je me dis que je me
considérai plus comme un lecteur qui écrit un journal que comme un diariste. C'est peut-être un peu moins marqué
aujourd'hui puisque ma participation à un club "très select" m'a donné pas mal de retours (et de lecteurs)
sur mes écrits, une plus grande exposition en somme. Néanmoins, je me considère toujours d'abord comme lecteur, peut-être
tout simplement car je lis plus de journaux que je n'en écris.
Je pense à ceux ou celles qui publient sur le web, sans
lien avec d'autres auteurs, voire sans relations ou presque avec le lectorat (ça doit exister, je suppose) et je
me dis que je ne pourrais pas faire de même. Ecrire dans sa bulle et mettre ses écrits en ligne sans se soucier
de qui les lit et des réactions qu'ils amènent, ça me paraît assez louable d'un certain côté (on reste indépendant,
on écrit ce que
l'on souhaite) mais un peu égocentrique de l'autre. Ce qui motive la plupart d'entre nous (vous êtes d'accord
les autres??), c'est de pouvoir
établir des "relations" (mot vague et peut-être trop fort), des liens avec d'autres personnes qui nous lisent (merci
de vous intéresser à nous) ou que nous lisons. J'ai peur de ne pas être très clair, voire un peu porteur d'étendard
ce qui ne me va pas du tout.
Pour l'instant, donc, je ne pense pas au sexe de mon lectorat en écrivant mes entrées. J'y pensais sûrement plus avant pour
ceux que je lisais mais ça a fait place à de l'intérêt lié au contenu du journal (le fait de chatter avec
certains et parfois de les voir a aussi levé une autre "barrière" et je me dis quelquefois que je vis proche de
certaines personnes que j'estime).
Merci Théo de m'avoir
permis de cogiter sur tout ça.
Pour finir, ma pensée va aux moteurs de recherche qui vont sans doute
me renvoyer plein de visiteurs (avec tous les "sexe" que j'ai écrits aujourd'hui), si ça se trouve, un(e)
internaute échoué(e) sur cette page va peut-être rester?
Commentaire(s) :
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Note du 13 mai 2005 : Originellement,
cette entrée s'appelait "du sexe des lecteurs et des auteurs"
et puis j'ai modifié car certaines personnes ne pouvaient plus aller
sur cette page (via le net de leur entreprise...) car on bloque les pages avec
les mots compromettants (oups je viens de le remettre), super embarrassant ce
site, non? J'ai aussi changé quelques liens car depuis la RDJ a bien
eu le temps de voir plusieurs forums.
A part ça, en tant que diariste, j'écris en "masse" (si j'ose
dire) sans penser plus aux hommes ou aux femmes. En tant que lecteur, je ne
pense pas que ça me marque. Je remarque que dans la liste des diaristes
actifs du moment, il y a encore autant d'hommes que de femmes, comme quoi.
J'aime bien le résumé de mon parcours de lecteur et la notion "lecteur qui écrit".
Je n'ai pas changé sur les relations des "auteurs" avec les
autres ni sur le fait que je ne suis pas un porteur d'étendard (on est
trop nombreux pour ça maintenant de toute façon).
Commentaire(s) :
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