Si tu me lis depuis quelque temps, Toikimeli, tu sais que ce site est très rarement une tribune pour mes coups de gueule. Parce que je suis quelqu'un de mesuré, parce que je ne pense pas détenir LA vérité, parce que je suis (parfois) modeste et je me dis que je n'en sais pas assez pour m'exprimer sur un sujet parfois complexe. Alors oui, c'est vrai, je parle de mes coups de coeur ou donne parfois mon opinion sur des histoires qui me scandalisent.
Aujourd'hui, je vais te parler de Martin. Pour ce que j'en sais, Martin est un gars bien (certains ne sont pas de cet avis, j'en parle après). Ancien médecin, il a écrit (parmi d'autres) un livre bouleversant d'humanité qui a eu un gros succès, public et critique. Il a d'ailleurs été adapté au cinéma d'une très jolie manière (et ce n'était pas évident à faire). Ma famille a acheté le livre à la sortie, je l'ai lu, il y a environ cinq ans et j'ai été ravi. Le genre de livre qu'un proche qui vous connaît bien vous recommande "lis le ça va te plaire", le thème paraît assez banal mais effectivement, on tombe sous le charme. J'ai ensuite vu le film (au cinéma) puis suis tombé de temps en temps sur les ondes où Martin défendait avec conviction la fiction télévisée, et les séries en particulier, celle de qualité bien entendu. Il s'intéresse aussi de près au diarisme.
Il y a un an, Martin s'est vu confier une chronique quotidienne sur les ondes de la plus grande des radios d'Etat de France, à 7h50, heure de grande écoute. Je me suis dit "tiens, ça peut être pas mal, je connais un peu l'homme, écoutons voir". Et je n'ai pas été déçu. Martin a parlé de choses, des petites et des grandes, il a expliqué des choses qu'on ne souçonne souvent pas, en toute indépendance. Sa chronique (inégale mais c'est le lot de toutes les personnes qui créent chaque jour) était vive, entraînante, éducative, une fenêtre critique sur le monde, une bouffée d'oxygène dans le très minuté 7h-9h (après on passait aux bouchons, c'est dire le décalage). Il a parlé de plein de thèmes : des logiciels libres aux satellites en passant par les méthodes de contraception etc. J'écris au passé car il a été viré début juillet (et je suis au courant depuis peu). Pour une raison officielle peu crédible et une raison officieuse qui fait froid dans le dos quand on pense à l'indépendance (que devrait avoir) d'une radio d'Etat envers les annonceurs. Alors, voilà, Martin a été viré, comme un malpropre alors qu'il a diffusé du savoir dans la bonne humeur et souvent à rebrousse-poil pendant des mois.
Je viens d'entendre les justifications du directeur de la station (qui présente la grille de rentrée).
C'est un homme sérieux qui a une image
intègre, il dit qu'il n'est pas du genre à plier devant un lobby et qu'il héberge des gens qui déclenchent
beaucoup de
polémiques dans bon nombre de milieux (ce qui est vrai), bien plus que Martin, qui selon lui est un aigri et tente
de crier au scandale pour un non-événement.
Tout de même,
parler de diffamation, alors
que les cibles incriminées ont eu droit à un droit de réponse à l'antenne mais n'ont pas attaqué Martin pour diffamation
(il aurait donc raison?), ça me paraît un peu étrange. Le directeur dit que c'est de l'affabulation, que la chronique
ne correspondait à ce qu'il voulait au départ et que c'est pour ça qu'il n'a pas renouvelé la chronique de Martin à la
fin de la saison.
J'aimerai y croire, je préférerai que cette station soit vraiment indépendante et Martin un mythomane
mais j'ai un gros doute. Je penche pour le plus faible (mais je voulais aussi te faire part de l'autre point de vue,
Toikimeli) en espérant ne pas me tromper.
Cher Martin Winkler, j'ai aimé te lire , j'ai aimé t'écouter, presque tous les matins, réglant parfois mon radio réveil à cette heure là, juste pour ne pas le louper alors que j'allais me coucher tard et que LOJT ne m'attendait pas si tôt que ça. Alors un grand merci à toi et bon courage pour la suite.
Ce que les médias traditionnels taisent peut trouver une caisse de résonance sur le net alors voilà, je mets l'information ici, elle touchera sans doute peu de monde, ce n'est qu'une goutte d'eau mais c'est une de plus.
J'ai copié collé un résumé de l'affaire car je ne sais pas combien de temps resteront valides les liens ci-dessous.
Note à l'attention des internautes chevronnés
Depuis lundi 7 juillet, cette page n'est plus accessible depuis la page des "chroniques" de France Inter.
SI vous êtes parvenus jusqu'ici, c'est que vous avez enregistré l'adresse de cette page dans votre navigateur.
Merci donc de la diffuser aux auditeurs qui ne l'auraient pas, et pourraient croire qu'elle a disparu.
Amitiés
Martin W.
PS : Le 11 juillet, à l'heure d'Odyssée, France Inter a passé un communiqué intéressant. J'en ai reproduit
le contenu à la fin de cette page.
«Odyssée» c'est fini.
Je pensais assurer ma chronique jusqu'au 11 juillet, mais vendredi dernier l'assistante de JL Hees
(lui-même était beaucoup trop occupé pour me parler...) m'a annoncé assez brutalement que la chronique
faite le matin même était la dernière. (Motif invoqué par le directeur de France Inter : "Je ne voulais
pas de chronique médicale"...)
Je n'ai donc pas pu traiter les sujets annoncés ces derniers jours sur le site, et je ne pourrai
pas saluer les auditeurs. Vous aurez noté que personne n'a fait de chronique à ma place ; en
passant du Gainsbourg, on a signifié délicatement aux auditeurs que j'avais purement et simplement
été viré de l'antenne...
C'est donc à vous, les internautes, que je confie le soin de diffuser ce message, en particulier à
celles et à ceux qui appréciaient Odyssée mais n'ont pas accès au net. Je ne voulais pas vous quitter
sans vous dire que pendant ces neuf mois, j'ai pris beaucoup de plaisir à vous retrouver en esprit
chaque matin, et que, surtout, j'ai beaucoup appris.
Et puis, ayant pu m'exprimer avec une totale liberté pendant ces trois minutes quotidiennes, et donner dans
la mesure du possible la parole à des citoyens qui ne l'avaient pas, je reste convaincu que la liberté de
parole dépasse - et de très loin - n'importe quelle fonction hiérarchique. Neuf mois de parole sans entrave,
ce n'est pas rien. Et je souris en particulier à la pensée des migraines que j'ai dû provoquer chaque fois
que j'étrillais l'industrie pharmaceutique entre deux messages triomphants des entreprises du médicament.
Merci aux maisons d'édition, revues et associations qui m'ont envoyé leurs publications et leurs bulletins
d'information. Je suis heureux d'avoir pu contribuer à faire connaître certaines de leurs productions. Merci,
évidemment à tous ceux - des archéologues aux praticiens de Linux en passant par les personnes
concernées par la surdité, la dyslexie et bien d'autres situations humaines - qui m'ont écrit pour
m'envoyer des réflexions, des informations que je n'aurais pas pu trouver seul, ou simplement
des encouragements - ils m'ont été d'un grand réconfort et justifient pleinement le travail
accompli au cours de l'année écoulée.
Toutes les chroniques (y compris les inédites) seront publiées - accompagnées de compléments d'information
et de contributions d'auditeurs - en octobre ou novembre prochain, par les éditions du Cherche-Midi.
Et pour conclure ce voyage, une dernière petite histoire :
Dans un ghetto, il y a longtemps, le rabbin va voir la guérisseuse et lui dit : «J'ai besoin d'une
potion pour soulager mes rhumatismes.»
La guérisseuse écrit quelques lignes sur un morceau de papier ; le rabbin la lit, il hoche la tête et dit
: «Il y a des ingrédients qui ne sont pas kasher, là-dedans. J'ai besoin d'une potion que je puisse prendre
le jour du shabbat.»
La guérisseuse lui répond : «Non, ça je ne peux pas te le donner. C'est interdit.»
Le rabbin insiste : «Mais moi, le jour du shabbat, je fais l'office, je m'occupe des malades et des
mourants, je ne le ferai pas bien si je souffre. Donne-moi la formule d'une potion que je puisse
prendre ce jour-là sans offenser Dieu.»
Et, comme il insiste, la guérisseuse lui dit : «D'accord, mais tu dois me jurer devant Dieu que tu
ne la révèleras à personne.» Le rabbin réfléchit une seconde, puis il jure solennellement. Le
samedi suivant, il monte sur l'estrade et, à haute voix, lit la formule à tous les fidèles.
Pourquoi ? Parce qu'il pense que c'est un moins grand péché de se parjurer que de garder pour soi un secret pareil.
Quand on a accès à un savoir qui peut soulager ou libérer les autres, on n'a que deux choix possibles :
ou bien on veut garder le pouvoir, et on se tait.
Ou bien on partage.
Au revoir tout le monde, et portez-vous bien.
Pourquoi entend-on sans arrêt des spots de l'industrie pharmaceutique en ce moment?
Chronique du 15 Mai 2003
Depuis plusieurs mois, l'industrie pharmaceutique (sous le joli nom de «Les entreprises du médicament»)
mène une grande campagne d'image auprès du public. Le motif de cette campagne, est tout simplement que
l'industrie pharmaceutique est en crise. Le triomphalisme affiché par les spots n'est qu'une façade.
Pourquoi? Parce que depuis une vingtaine d'années, l'industrie ne découvre pratiquement plus aucun
médicament majeur. Et, à terme, ça va finir par se voir.
Ce n'est pas moi qui le dis, mais un livre passionnant de Philippe Pignarre, intitulé «Le grand secret
de l'industrie pharmaceutique». Philippe Pignarre y explique que l'âge d'or du développement du médicament
a eu lieu juste après la seconde guerre mondiale. À l'époque, les industriels disposaient d'une grande
latitude pour tester les molécules qu'ils avaient en stock : ils les essayaient sur n'importe quel malade
sans demander d'autorisation à une quelconque autorité sanitaire. Ca a donné quelques belles découvertes,
mais ça a fait aussi pas mal de casse.
Cette liberté de tester les médicaments sans contrôle a, heureusement, peu à peu disparu avec l'obligation
croissante pour les industriels de se soumettre, avant de pouvoir commercialiser leurs molécules, à ce qu'on
appelle des essais cliniques contrôlés. Un essai clinique contrôlé est un protocole rigide qui permet de
tester le médicament en s'assurant qu'il n'est pas dangereux pour ses utilisateurs, qu'il est bien efficace
sur la maladie ou les symptômes considérés, et surtout, qu'il présente un avantage sur les médicaments déjà
existants.
Alors qu'il ne fallait que deux ou trois ans, dans les années 60, pour passer de l'expérimentation à
la mise sur le marché, un médicament antidépresseur aujourd'hui très connu, la fluoxétine (alias Prozac),
qui a été étudié pour la première fois en 1974, n'a été autorisé sur le marché qu'en 1987.
Les coûts de développement des médicaments et leur délai de commercialisation ayant beaucoup augmenté,
la plupart des industriels aujourd'hui ne veulent pas investir dans les molécules nouvelles. C'est beaucoup
trop cher. Et les profits diminuent. Jadis, l'industrie pharmaceutique rapportait beaucoup à ses actionnaires.
Elle reste l'une des premières au monde, mais les dividendes ont beaucoup diminué. Alors, que fait-elle ?
Eh bien elle contourne le problème.
Quelques exemples : pour éviter de voir un générique leur prendre leur marché, certains labo fabriquent le
générique eux-mêmes et le vendent seulement 10% moins cher que l'original, ce qui suffit à dissuader
la concurrence ;
- d'autres font passer la prise de médicament pour une mesure préventive - c'est le cas du spot sur le
cholestérol, qui n'a pas d'autre but que de vous pousser à demander une ordonnance ;
- d'autres encore truquent les résultats des études cliniques (il faut savoir que la plupart des études
négatives, celles qui montrent que les médicaments testés ne sont pas efficaces, sont censurées par l'industrie)
- certains, plus simplement, achètent les leaders d'opinion de la communauté médicale - aujourd'hui, à l'exception
de la revue Prescrire, il n'existe plus de presse médicale française indépendante de l'industrie ;
- la plupart, évidemment, et ils ne s'en privent pas, induisent les médecins en erreur pour les inciter à
prescrire des produits même si ce n'est pas nécessaire - ce qui explique en particulier que la France
soit le premier consommateur d'antidépresseurs au monde.
D'autres cherchent à créer de nouvelles maladies, complètement imaginaires. Les deux dernières en date sont
l'insuffisance hormonale masculine (on dose la testostérone chez les hommes de plus de cinquante ans, on la
trouve trop basse, évidemment, puisqu'elle baisse chez tout le monde et hop! un traitement hormonal pour
remonter la libido de ces messieurs) ou l'impuissance féminine (et hop! un équivalent féminin du Viagra
pour redonner un orgasme à ces dames!).
Et puis, il y a les méthodes franchement crapuleuses, qui consistent à tester les médicaments au rabais dans
les pays du tiers-monde, dans des conditions qui ne seraient pas acceptées par les pays développés. Et
dans ces mêmes pays développés, il y a le ravalement de façade par l'intermédiaire des spots qu'on entend
actuellement.
Alors, si ces spots vous agacent, luttez contre la désinformation en lisant «Le grand secret de
l'industrie pharmaceutique». Vous m'en direz des nouvelles.
Philippe Pignarre, «Le Grand Secret de l'industrie pharmaceutique», Editions La Découverte, 2003.
11/7/2003
Droit de réponse des entreprises du médicament sur France Inter ce jour 11/07/03
"Les Entreprises du Médicament, représentées par le Leem, ont exercé ce matin sur France Inter leur droit
de réponse aux accusations de manquement à l 'éthique portées sur cette antenne à leur encontre (cf
les chroniques de M Winckler) . Vous voudrez bien trouver ci - dessous le texte de ce droit de réponse .
Pour faire suite aux différentes accusations de manquements à l'éthique portées sur notre antenne à l'encontre
des entreprises du médicament, leur représentant , le LEEM, tient à faire part de son indignation et exerce
ici son droit de réponse. A ce titre, il entend préciser que des affirmations erronées telles que le
trucage des résultats des études cliniques, la corruption des leaders d'opinions de la communauté médicale,
la création de maladies imaginaires, l'utilisation de méthodes crapuleuses dans les pays du tiers monde,
constituent des accusations sans fondement.
Les entreprises du médicament travaillent en respectant des protocoles mondiaux, qui ont renforcé considérablement
les précautions préalables à l'arrivée d'un médicament. Sans le respect de ces protocoles, aucun médicament
ne peut être mis à la disposition des patients, dans quelque pays que ce soit. Elles sont en outre encadrées
par un dispositif législatif et réglementaire strict et elles travaillent en partenariat avec un corps médical
responsable, dont l'expertise est reconnue, et qui est soumis à un code déontologique précis. En niant
par exemple la preuve scientifique établie des médicaments anti cholestérol à la prévention de l'infarctus,
on dénie aux patients le droit à une information complète et exacte.
Ces accusations introduisent donc le doute et la suspicion sur la prescription des médecins, sur les
médicaments prescrits, ou sur la réalité de certaines maladies, risquant ainsi de mettre en danger la santé
des malades.
La campagne radio actuelle des Entreprises du Médicament a pour objectif de rappeler la réalité de leur
contribution à la santé des français, et de les informer sur la recherche en matière de médicaments.
Cette recherche est l'un des facteurs clé des quinze ans de vie gagnée depuis cinquante ans.
C'est un travail de longue haleine mené, avec des technologies de plus en plus complexes, par
des hommes et des femmes qui sont fiers de servir le progrès thérapeutique."
Infos trouvées ici :
http://www.terredescale.net/article.php3?id_article=279
http://www.transfert.net/a9132
http://linuxfr.org/2003/07/12/13243.html
Commentaire(s) :
Warning: mysql_query(): supplied argument is not a valid MySQL-Link resource in /mnt/108/sda/0/0/cegosum/commentaires-2.0/commentaires/config/fonctions.lib.php on line 47
Warning: mysql_fetch_array(): supplied argument is not a valid MySQL result resource in /mnt/108/sda/0/0/cegosum/commentaires-2.0/commentaires/config/fonctions.lib.php on line 48
[]
Note du 5 septembre 2005 :
Sentiment partagé en lisant cette entrée. Elle est très atypique de ce que j'écris
et tant mieux car je ne me vois pas écrire souvent des textes de ce genre. Je
ne suis pas super à l'aise non plus car je ne sais pas qui a raison, donc il
est difficile de prendre le parti. Mon côté tiède ("honnête" diront certains)
présentent au moins les deux points de vue, c'est plus un état de la situation
qu'une vraie prise de position. A part ces points qui me gênent un peu aux entournures
("je soutiens, oui mais non enfin si un peu"), je trouve que "ça passe", mais
surtout car c'est une exception dans mon journal. Et j'ai bien fait de copier
coller des articles car un lien est mort.
Commentaire(s) :
Warning: mysql_query(): supplied argument is not a valid MySQL-Link resource in /mnt/108/sda/0/0/cegosum/commentaires-2.0/commentaires/config/fonctions.lib.php on line 47
Warning: mysql_fetch_array(): supplied argument is not a valid MySQL result resource in /mnt/108/sda/0/0/cegosum/commentaires-2.0/commentaires/config/fonctions.lib.php on line 48
[]