Depuis janvier, ma soeur habite une nouvelle ville. Elle tenait vraiment beaucoup à ce que j'aille la voir. J'ai déjà commis quelques erreurs diplomatiques au moment de Noël, des choses faites sans arrière pensée et qui l'ont blessée. On a convenu donc très tôt d'une date de visite et je me suis rendu chez elle le week-end dernier. Attention, ça me fait très plaisir de la voir, mais c'était clairement une chose à ne pas oublier.

J'arrive à Montpellier dans l'après-midi. Je marche un peu dans la ville puis retrouve ma soeur qui avait réussi à "débaucher" grrr guillemets assez tôt. Retrouvailles à la gare, on prend la voiture pour se garer un peu plus dans le centre. Marie et ses beaux courtois résonne dans la voiture, ça me fait sourire, il commence bien ce week-end.
A propos, j'ai oublié dans mon entrée précédente deux petits moments de bonheur. Le premier c'est quand elle m'a dit au détour d'un chat "tu sais, j'aimais pas trop l'accordéon, avant (que je lui fasse partager une partie de mes goûts musicaux)", le genre de phrase toute simple qui signifie beaucoup (surtout que je ne suis pas un fan absolu d'accordéon mais juste qu'il fait partie intégrante de pas mal de jeunes chanteurs que j'écoute et que j'apprécie).
La seconde, c'est lors du concert au Grand Rex, j'ai appelé ma soeur au moment de La p'tite monnaie, chanson emblématique de Bénabar qui pète de cuivres, réjouit les connaisseurs qui attendent cette partie incontournable du concert et ravit les néophytes, un peu surpris de voir les autres s'enthousiasmer, mais qui reprennent très vite le refrain. Le téléphone à l'envers dans ma poche de chemise, je lui fais profiter de ce moment, à elle qui est si loin. Elle m'a dit après "ça m'a fait très plaisir mais c'est quand même toi que j'entendais le plus hurler". Sacrée frangine..

Elle m'avait tant parlé d'un restaurant qu'on y est allé (une crêperie à Montpellier, c'est original), après avoir un peu déambulé en ville et qu'elle m'a montré les différents lieux où elle était passée. Toujours bizarre d'imaginer ce que ça peut donner une ville comme ça, avec sa place et ses rues piétonnes aux beaux jours mais avant l'été et l'arrivée massive des touristes. La crêperie est très bonne, tenue par des petits vieux qui ont une certaine idée de la qualité. On peut lire sur leur menu (parenthèse, je suis vraiment atteint par mon journal, en lisant ça, je me suis dit "c'est marrant faut que j'en parle sur mon site" et j'ai attendu que ma soeur aille aux toilettes pour recopier la phrase sur mon ticket de train, no comment) : "L'exigence d'un service rapide est incompatible avec la qualité de nos crêpes". Au moins c'est clair.

Nous sommes repartis assez tôt vers Béziers où elle habite. J'avais amené quelques CD et j'ai pu enfin lui faire découvrir une découverte marrante récente. Pas que par les oreilles, je lui ai aussi fait la chorégraphie, elle était morte de rire. On a passé le CD en boucle tout le week-end, en faisant les mouvements du "Mont Saint Michel" tous les deux ensemble (oui, aussi au volant, ce n'est pas recommandé pourtant).

Lever tôt le lendemain matin, visite de Béziers, Narbonne, Gruissan. Il fait beau mais le vent souffle très fort et du coup on a une grande impression de froid. Sur la plage de Gruissan, le sable partait en traînées vers la mer, c'était extraordinaire comme vision. Tout comme la montée sur la tour Barberousse, où on a du mal à se tenir, à cause de ce vent qui fait perdre l'équilibre. Ca m'a rappelé Québec tiens (en un peu moins froid tout de même... et sans les douaniers).

Soirée tranquille chez elle, à faire tourner son ordinateur devant les Victoires de la musique. Départ le lendemain pour Carcassonne. Visite de la cité fortifiée, la plus grande d'Europe, trois kilomètres de remparts. On a opté pour le grand tour avec un conférencier. Une heure et demi de balade sous le soleil et dans le vent (encore!! il fait vraiment froid). Le guide très intéressant nous a montrés, car nous étions peu nombreux, des mosaïques romaines qui sont accessibles aux petits groupes et seront bientôt fermées. Arpentant les remparts, on apprend beaucoup de choses sur les Cathares, leur développement en Languedoc, leur philosophie et la croisade qui a eu lieu contre eux (contre l'arrière petit fils d'un croisé d'ailleurs). J'ai senti une forte implication régionale, que ce soit l'accent des gens rencontrés, les noms en occitan dans les rues, et ce sentiment que les "gens de France" (septentrionale) sont venus prendre ces terres, il y a près de huit cents ans. Comme si c'était une plaie cicatrisée mais non oubliée. Bizarrement (et je ne parle pas de l'accueil qui est excellent), on se sent ailleurs, un ailleurs francophone qui nous est lié mais qui n'est pas semblable au "reste". Autant je m'attendrais à trouver ça dans des parties plus frontalières (Alsace, Corse, Pays Basque, Catalogne...) autant là, ça m'a surpris. On continue par la visite "normale", plus basique et on termine par un tour dans la cathédrale, monument étrange, le transept est gothique, la nef romane, ce mélange horizontal (et non vertical) est assez particulier, il me semble.
Transis (je n'ai pas osé sortir mon appareil photo), nous quittons le château pour déguster un chocolat en cette fin d'après midi frisquette. On reprend la voiture pour retourner chez ma soeur.

Je suis parti le lendemain matin, me disant que c'est vraiment sympa de découvrir une région, surtout en hiver, le charme est différent. J'ai pas trop osé lui dire que j'étais dans le coin cet été mais j'y ai souvent pensé tout au cours de ce long week-end.

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