Pour une version détaillée de mon hospitalisation, va lire ici. Je me suis dit que ça n'intéressait pas forcément tout le monde, c'est pour ça que c'est sur une page à part.

Au début, tout allait bien. Je suis passé faire une échographie pour confirmer l'appendicite et j'ai été opéré le lendemain matin. Je suis revenu de l'opération sans être trop dans le brouillard (mais tout de même un peu). Le chirurgien est passé me dire que c'était une vilaine appendicite à la limite de la péritonite et qu'ils ont dû m'ouvrir, après avoir fait les "trous" pour la coelioscopie. Je reprends peu à peu des forces même si je suis bien fatigué, pas envie de dormir mais pas envie de faire autre chose alors j'attends que le temps passe et c'est long, je rêve de vieillir de quelques jours instantanément. Des proches viennent me voir, je parle un peu avec mon voisin de chambre. Et puis, alors que ça va mieux, comme je ne garde aucun liquide (ne parlons pas d'aliments, je ne mange pas), on me pose une sonde gastrique et je le vis très mal. La pose tout d'abord, c'est presque une agression et ensuite l'avoir en soi est très désagréable, ça irrite en permanence, on a l'impression d'avoir la gorge plein de fils plastiques. Comme ça irrite vite, on ne peut pas trop parler et c'est assez handicapant socialement (avec mon voisin de chambre, les personnes venues me voir ou celles qui me téléphonent). Ca a duré trois nuits et deux jours et ça a été vraiment la partie la plus dure, surtout que je me sentais mieux (à part la sonde). Une fois enlevée, je me suis senti libéré. Je suis resté quelque jours encore en attendant que le transit intestinal reprenne, mangeant des aliments de plus en plus consistants. Au final, je suis sorti (sans les fils) au bout de onze jours, ce qui est particulièrement long pour une appendicite.

Quel bilan peut-on en tirer?
Tout d'abord que je ne veux pas travailler dans le domaine de la santé (mais je m'en doutais un peu).
Ensuite, j'ai eu un chirurgien génial, présent quasiment tous les jours (il ne se repose jamais?), très chaleureux et répondant aux questions (il faut juste penser à les lui poser car il ne dit à la base que le nécessaire).
Globalement, le personnel médical était compétent et chaleureux, rien à dire de ce côté là.
On se rend compte de tout ce qui semble naturel quand on ne l'a plus : manger, boire, marcher librement (sans avoir à se promener avec sa perfusion), enlever un T-shirt sans avoir à jongler avec les poches de la perfusion qui doivent passer par la manche, prendre une douche...
Je voulais perdre un peu de poids pendant ces vacances. De ce côté là, c'est plutôt réussi. Même si j'ai fait assez peu d'exercice, le fait de ne pas manger pendant presque une semaine m'a fait perdre à peu près quatre kilos (je ne voulais pas arriver à ce niveau là mais bon, désormais, je vais faire attention). Ah, j'ai aussi une cicatrice à faire se pâmer les personnes qui aiment ça (mais à un endroit difficilement montrable tout de même).
J'ai eu de la chance d'avoir la visite de proches, ce qui m'a fait plutôt plaisir et m'a bien rendu service pour les aspects pratiques (s'occuper de ma voiture, de mon linge sale, apporter quelques éléments de toilette oubliés...). "Plutôt" car je me souviens avoir appelé une proche un jour où j'avais ma sonde, je lui ai dit que ce ne serait pas grave si elle ne venait pas. Je ne me sentais pas en état de la voir sachant que j'étais fatigué à cause de la sonde (et de la nuit blanche précédente), que je n'avais pas mes lentilles, que je ne pouvais pas parler et que je savais qu'elle vivait une période stressante dans son travail sans avoir besoin de me voir alors que j'allais mal. Car la vérité est là, ça me faisait du mal qu'elle puisse me voir dans cet état. Elle est venue quand même, ça m'a fait plaisir de la voir, c'est vrai, mais elle a fait quasiment toute la conversation et je sais qu'en donnant de mes nouvelles à d'autres personnes en quittant ma chambre, elle a pleuré disant que c'était dur de me voir ainsi (je précise qu'elle évacue souvent son stress en pleurant et qu'elle avait aussi des problèmes au travail qui devaient augmenter sa nervosité). Ca fait chaud au coeur de sentir entouré même si j'ai souffert de leur faire de la peine (et oui je me mettais à leur place et je me sentais presque coupable de ne pas être bien pour leur visite).
J'ai beaucoup parlé de sujets assez intimes avec mon voisin de chambre (quand on n'a que ça à faire...) et on a pu comparer nos relations avec nos parents et nos frères et soeurs. C'est très intéressant et j'ai encore plus perçu à quel point je peux être ravi de bien m'entendre avec eux, de ne pas avoir de "cadavres dans le placard". Ca fait du bien de pouvoir se rendre compte que ce qui paraît normal est du domaine de l'idéal rêvé pour d'autres.
J'ai reçu pas mal de coups de fils de personnes s'inquiétant de ma santé, que ce soit de chez LOJT (d'ailleurs Sancho m'a surpris dans le bon sens), de la famille ou des amis (merci Kiliane pour tes appels). Malheureusement, certains m'ont contacté alors que j'avais ma sonde et j'ai été peu bavard (avec une voix horrible en plus), désolé, c'est mal tombé. J'ai été touché de recevoir certains mails en mon absence de personnes qui s'inquiétaient de ma santé, vraiment.
Quand je vois comment j'en ai bavé alors que c'était une opération bénigne (même si ce n'était pas une appendicite banale, ce n'était qu'une appendicite pas un quintuple pontage), je me demande comment je réagirais pour une intervention lourde. J'ai eu la chance de ne jamais souffrir et j'ai entendu des personnes hurler dans d'autres chambres et ça fait froid dans le dos. Les aides-soignantes venaient nous voir parce que pour nous ça allait pas trop mal et elles nous disaient que ce n'était pas le cas de tout le monde dans les chambres voisines. J'ai l'impression que nous voir les réconfortait un peu. Et forcément, j'ai pensé à ce milieu que je connais mal (l'hôpital) et que je vais être amené à fréquenter de plus à cause de mon vieillissement et celui de mes proches. Je me demande comment je ferai face (je sais, comme tout le monde, comme je pourrais mais tout de même j'appréhende et je profite du fait que pour l'instant ça va bien).

Pendant ce temps là, le monde ne s'est pas arrêté de tourner. J'ai appris avec tristesse la mort de Katharine Hepburn (je suis un grand fan d'African queen).
Dans un domaine plus personnel, j'ai appris le décès de la femme d'Adrien. J'en ai parlé principalement ici (j'en profite pour te signaler, Toikimeli, que je viens de mettre en place, avec l'aide de Kiliane, un moteur de recherche interne). Sachant depuis peu, le rôle qu'elle a tenu dans l'union de mes grands-parents alors qu'ils n'avaient qu'une vingtaine d'années, ça m'a ému. Je ne me souviens pas lui avoir parlé, ça faisait longtemps qu'elle était mal en point, c'est sans doute mieux pour elle. Quand je suis allé voir Adrien, elle est restée à "écouter un livre". Mais tout de même, sachant ce qu'elle a fait, j'ai une pensée pour elle. Merci "Princesse", je ne t'oublierai pas et j'espère qu'Adrien va bien et a encore de belles années pleine de santé à vivre

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