Dimanche 29 août 2004
Le mariage d'Amandine et Rodrigue
Ca y est l'instant tant attendu, la raison de notre venue au Liban est arrivée : le mariage d'Amandine et Rodrigue. Et ça fait des jours que je me demande qui de Polo ou d'Aldebert en aura eu la meilleure vision. Petites explications : Polo décrit un "joli mariage", avec des phrases bien léchées qu'accompagnent une guitare et un violoncelle, cela donne une ambiance un peu baroque à la chanson. Aldebert, pour sa part, relate sur un rythme de reggae un mariage très beau mais très triste et qui se termine bien mal.
Le mariage a lieu le soir, "presqu'à" la fraîche.
Ce n'est pas pour autant qu'on a quartier libre toute la journée, nous
sommes attendus pour manger avec les mariés. Donc pas vraiment le "A
peine parti, déjà en r'tard, j'accroche à mes oreilles
un sourire qui ne tombera qu'au coucher du soleil" d'Aldebert, surtout
qu'il ne faut pas trop sourire sinon on se fige très vite, il paraît.
Avec les personnes qui partagent mon hôtel, on prend le temps le matin,
on discute de nos tenues, les filles sont très anxieuses à l'idée
de ne pas avoir les bons habits ou de ne pas avoir passé, comme toutes
les autres, un temps fou chez le coiffeur. Elles tentent encore de me mettre
la pression, mais, rien n'y fait, je suis toujours détendu. Je me moque
même "D'accord, je suis arrivé deux jours après vous,
mais est-ce normal, que, en tant que témoin je n'ai jamais été
invité chez les parents d'Amandine. Franchement, c'est une insulte,
non!!". En fait, ça m'arrange presque, je n'ai pas trop envie
de me gaver (j'ai eu des échos de la visite de mes compagnons de voyage)
ni de montrer un visage bien lisse "Ah c'est tellement bien" sur
une longue période.
Au programme : nous allons chez le et/ou la mariée, car "forcément",
ils sont encore dans des maisons séparées avant le mariage (on
ne rigole pas Toikimeli) et reçoivent leur famille et amis. Je suis
du côté de Rodrigue bien entendu, qui squatte chez un cousin
de sa future belle-famille. J'arrive avec Rebecca et Perrine en tenue décontractée.
Tous les proches de Rodrigue sont là, dont son père que je n'ai
pas vu depuis plus de dix ans. Je le sens tout de suite pas trop à
sa place, grognant souvent, faisant des remarques sur un ton peu sympathique
alors que son fils essaye déjà de paraître le mieux possible
aux yeux de sa belle famille. Il a besoin de soutien, voyons! Je n'ai pas
mangé ce matin, aussi je m'approche du buffet et remplis mon assiette.
Le père d'Amandine vient près de moi peu après et me
demande si j'ai mangé de tel ou tel mets. Je lui réponds que
oui, alors il ajoute "mais il faut manger de tout... et trois fois".
"Trois fois de chaque plat?? Merci non" dis je dans un ferme sourire.
En tout cas, c'est très bon.
Rodrigue me dit de venir en privé pour parler de la suite des événements. Comme je le pressentais, il ne me dit sans doute pas tout mais il ne doit pas non plus tout savoir. Je lui montre ma chemise et mon costume (nous devons être coordonnés) et il est rassuré, c'est parfait. Une heure plus tard, il est temps de s'habiller pour la séance photo. Même si j'étais toujours en pantalon cette semaine, j'appréhende un peu de supporter une chemise à manches longues et une veste. Je rejoins Rodrigue dans sa chambre et on s'habille. Ca me fait bizarre, dans le bon sens, de me retrouver seul avec lui, juste avant ce moment si important pour lui. Il me donne une cravate (la même pour lui et ses témoins) puis je fais entrer les photographes dans l'appartement. Il s'ensuit une longue série de séance photo ou film avec presque toutes les combinaisons possibles de personnes devant l'objectif le tout dans un salon fleuri où il ne fait pas vraiment frais. La mère de Rodrigue paraît très émue tout de même, ça me fait quelque chose pour elle. Rebecca et Perrine reviennent habillées pour la cérémonie "Ouah mais t'es super" disent-elles en choeur. Je me demande si elles n'avaient pas surinterprété mon dégagement pour un j'm'en foutisme extrême. Je sais répondre "présent" dans les moments importants tout de même et j'essaye de ne pas décevoir. Mais, c'est vrai qu'après cinq jours ensemble, ça fait bizarre de nous voir habillés chic.
Nous partons ensuite vers l'église. Le bâtiment en lui même est moche, mais il surplombe la mer, ça donne une belle vue. Des pétales blancs ont été mis sur les marches de l'église. Nous accueillons les invités puis attendons la mariée. Rodrigue est à l'autel quand elle arrive, il faut dire que la cérémonie n'est pas "traditionnelle" car célébrée principalement sous le rite catholique. L'intérieur de l'église est très beau, un peu décoré sans que ça ne fasse trop. J'ai une fleur à la boutonnière (avec une réserve en eau pour qu'elle garde son éclat). Il fait extrêmement chaud, c'est très pénible, j'étouffe presque. La cérémonie commence et je suis ailleurs. J'attends que ça se passe, en ne pensant à rien puis au fait que je ne pense à rien et que je vais en parler ici. "Rien" est un peu fort en fait, c'est juste que le discours (en français) n'est pas passionnant et n'emporte pas réellement mon adhésion. Je note toutefois qu'on parle du marié avant la mariée, ça me paraît être l'inverse en France. Evidemment, je me dis que je ne suis pas très charitable à avoir ce genre de réactions pour un très vieil ami. "Le discours du curé qui s'éternise en redondances. Combien de temps va-t-il durer avant l'arrivée des alliances ?", pas tout à fait, ça a duré moins d'une heure en fait. Nous signons les registres, puis faisons face à l'assistance pour les inévitables photos. Je m'amuse à chercher les rares visages connus. Enfin, les mariés quittent l'église. Les témoins les suivent, les demoiselles d'honneur aux bras. Elles au moins sont dos nus, ça doit être plus supportable pour la chaleur. Je regarde leurs chaussures fuchsia, assorties à leur robe. Les talons sont très fins et font plus de dix centimètres! Du coup, je fais bien attention en descendant les marches à garder le même rythme qu'elle, je n'ai pas envie de la faire tomber (c'est pas moi la star de la journée). Le soleil se couche dans la mer, il fait un peu plus frais. Là, dos à l'église, le cadre est idyllique ou presque.
Ronde des voitures jusqu'au lieu de la réception. Le protocole veut
que la famille et les témoins reçoivent les félicitations
de tous les invités pendant que les mariés soufflent un peu.
Petite dérogation ici, les témoins rejoignent les mariés
dans une chambre de l'hôtel qui sert de cadre au repas. Ca m'évitera
de me faire marcher sur le pied, tant mieux. On se décontracte, parle
un peu de la cérémonie, observant les invités qui se
placent au-dehors quelques étages plus bas pendant que les mariés
ont un plateau repas (avant le dîner, je trouve ça bizarre).
Nous laissons les mariés en paix et rejoignons nos tables. Celle des
mariés est réservée à la famille, je suis tout
proche d'eux, avec les demoiselles d'honneur, un frimeur entraperçu
il y a deux jours (à propos, la soirée commune a servi aussi
d'enterrement de vie de garçon pour Rodrigue, tant mieux), Rebecca
et quelques inconnus..
Une fois tous les invités installés, des danseurs arrivent.
C'est très beau, ils sont très doués et j'ai beaucoup
de plaisir à les voir... je me dis que je commence vraiment à
apprécier la journée. Les mariés apparaissent en haut
des marches, ils rejoignent les danseurs puis se font accompagner à
leur table. Le repas est servi sous forme de buffet. Je sais que nous devons
être plus de trois cents mais tout de même, mais bon on ne doit
pas être loin des cinquante mètres de buffet mis bout à
bout. Excellente formule d'ailleurs, ça nous permet de manger ce qu'on
veut et d'aller voir les autres tables aussi. A la fin du repas, ma demoiselle
d'honneur me dit "Les mariés vont ouvrir le bal et nous allons
les rejoindre ensuite". Je lui réponds d'un sourire peiné
"Ma pauvre, t'as vraiment pas de chance". Mais finalement, je m'en
sors bien, c'était facile. J'alterne ensuite entre ma table et la partie
dansante jusqu'à ce que les mariés "découpent"
l'immense pièce montée. Ils sont à trois mètres
au-dessus de nous, ils ont l'air ravi et là vraiment, je suis content
pour eux et content d'être là.
Il se fait de plus en plus tard, mais pas tant que ça en fait. Tout
le monde part peu à peu, emmenant les bougies qui sont sur la table
(ça m'étonne un peu, je dois dire). J'envisage sérieusement
de me faire ramener; les autres veulent continuer en boîte ensuite et
ça ne m'intéresse pas vraiment. Mais apprenant que les locaux
vont repasser par chez eux se changer et qu'elles vont attendre sans doute
une heure ou deux, Rebecca et Perrine me rejoignent et rentrent aussi à
notre hôtel. On se met d'accord sur le programme de demain.
Au final? Eh bien outre l'aspect exotique (relatif comme je l'ai expliqué
plus haut) de ce mariage, j'en ressors avec un grand sourire en fait. Pas
de fin à la Aldebert, pas de pensée "Quelle association
de malfaiteurs que de marier (...) cette gitane dépravée et
cet ours des cavernes " comme Polo. Je le rejoins plus sur "Sait-on
jamais pourquoi l'idée vous passa par l'esprit comme envie de pisser
d'aller passer devant le maire. Vous qui êtes si proches du bon dieu
ne semblez guère couloir comme d'aucuns pousser vos dimanches avec
lui. Vous, qui êtes toujours ensemble après tant de moments avez
allègrement dépassé le temps des serments. Ce n'est bien
sûrement pour les yeux du prince charmant mais pour ces misérables
joies qui font les vieux amants". Mais bon, ça c'est leur affaire.
Ma mission est remplie et mon voyage au Liban se termine bientôt.
Commentaire(s) :
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