Lundi 27 septembre 2004
Moules, spéculoos et plus si affinité
Une petite semaine ponctuée par un déjeuner avec Luke. Ca faisait pas mal de temps qu'on ne s'est pas vus, il faut dire qu'on a perdu nos repères (et nos repaires) depuis que LOJT a déménagé. Depuis le temps, je ne n'ai pas vraiment écumé le quartier mais j'ai une adresse correcte. Comme d'habitude, on parle ciné, copains et boulot. Il est toujours mon padawan, me demandant des conseils sur sa carrière. "A ma place, tu ferais quoi?" est sa question rituelle. Comme si j'avais toutes les réponses... Alors, je l'aide comme je peux. Il faut dire qu'il bat ses records de présence dans sa boîte et regarde vers l'avenir. On se moque de son côté zappeur mais il a bien eu raison de quitter LOJT quand on s'est foutus de nous (enfin d'eux). Toujours dans la finance ou pas? A Paris ou ailleurs? Il m'annonce aussi que sa copine est enceinte mais apparemment, ça n'est pas le principal motif de changement de vie et de ville. Même avec un gamin, il préfère rester à Paris plutôt qu'aller en banlieue. On se quitte, faut qu'on s'organise un restaurant avec les autres, on doit une bouffe à Etienne tout de même.
Suite à mon entrée précédente, j'ai appelé ma soeur. Elle m'a donné quelques éléments de plus sur le suicide, c'était clairement, et sans doute froidement, préparé... avec une note recommandant aux personnes attristées de la rejoindre. Ma soeur se sent un peu coupable de ne pas avoir plus répondu à ses mails ou donné plus de nouvelles mais elle se dit qu'elle a tout fait pour ne pas que ça se voit et que ça n'aurait sans doute pas changé grand chose. Elle m'a rappelé qu'elle lui avait donné, suite à un grand succès, le symbole de sa future fonction. Un truc vieillot, brinquebalant, qui ne paye pas de mine mais un joli clin d'oeil et une vraie bonne idée. "J'avais déjà beaucoup aimé mais là, je vais encore plus chérir ce cadeau".
C'était une petite semaine car je ne travaillais pas vendredi. J'ai décidé
de prendre ce jour au milieu du long tunnel budgétaire. Ca fera toujours un
de moins à prendre et ça me fait une pause bienvenue. Je quitte mon domicile
sous le pâle soleil parisien. Il va faire bon pourtant, ça se sent. Direction
gare du Nord. Oui, je retourne en Belgique voir
Ethane. Une fois
la date fixée, j'en ai profité pour écrire à Laurent
qui vit là bas et à qui je n'ai jamais rendu visite. J'aurai pu passer le
week end là bas. Mais prévenu seulement deux semaines avant,
il avait autre chose de prévu, tant pis c'est pour une prochaine fois.
Je me débrouille comme un grand pour prendre le métro et m'arrêter à une station
royale, pensant que je serai reçu par les plus hautes instances belges. Tu
parles, il pleut comme c'est pas permis, j'ai l'impression d'être à mille
kilomètres au nord de Paris (ou au mois de novembre). Tu m'étonnes
que le bleu manque au décor... J'ai opté pour une des deux sorties
de la station, je m'élance sous la pluie. Personne encore, je retourne m'abriter
dans le métro. Quelques SMS (j'ai quand même reçu "il n'y a pas de
sortie Luxembourg", on veut me faire tourner en bourrique ou quoi?) et un
appel téléphonique plus tard, Ethane arrive, la crinière léonine ruisselante.
Nous sortons pour trouver un restaurant dans les environs car nous commençons
à avoir faim et puis visiter ce quartier sous la pluie, ce n'est pas l'idéal.
Je lui apporte un objet d'outre Atlantique, lui montre Anastasius, puis nous
parlons diarisme et de nos vies. Je ne bats pas en retraite aux "Tu sais,
je suis pas très calée en chansons" (variante "cinéma"), ça me donne l'occasion
de partager mon enthousiasme. Un trio de pâtes et une mousse au chocolat plus
tard, nous sortons affronter les éléments.
Au bout de cinq minutes, les deux anti-parapluie que nous sommes (plus pour
dire qu'on peut vivre sans que parce que c'est mieux de s'en passer) sommes
trempés. On a eu le temps de revoir la Grand-Place, de prendre quelques photos
à proximité. Je teste le niveau de ma guide "Ah, Bruxelles a été libérée par
les Anglais?" "Ben, je sais pas." "Enfin si je vois un drapeau britannique
avec "1944-2004, Merci aux libérateurs" je me dis que ça doit être le cas".
Oui, pas génial le niveau en fait.
Alors que nous ne pouvions pas être plus mouillés, je commence à émettre l'idée
qu'on pourrait aller s'abriter. Elle se moque de moi, m'affirme que la pluie
fait partie de Bruxelles (quitte à choisir, je préférerais un fleuve). Il
fait vraiment trop moche pour se balader plus, on n'a qu'à prendre un café.
De la galerie couverte du roi et de la reine, nous rejoignons le café Arcadi.
Deux chocolats plus tard, nous voyons qu'il pleut moins (notamment en regardant
par la fenêtre donnant sur la galerie, mais là, c'était de ma faute), mais
je pense pas que ça va durer longtemps. D'ailleurs, je lui cite Renaud
"Il venait du pays où habite la pluie ou quand y a du soleil, c'est un
mauvais présage, c'est qu'il va pleuvoir, c'est qu'il va faire gris".
Nous sortons tout de même, passant devant le Manneken-Pis en costume andalou
(j'ai raté gascon!!).
C'est dingue les points communs entre la Belgique et le Québec. Outre l'accent
(et le vocabulaire) dépaysant, le local ne supporte pas qu'on ne goûte pas
le plat du coin. J'ai dû, pour ma deuxième visite à Québec, manger
de la poutine, là, je n'ai pas pu couper aux spéculoos. Ca parait meilleur
(faut dire le référentiel est bas, pardon aux fans de poutine), je confirmerai
ça une fois que j'aurai vraiment testé, ma guide m'en ayant fait acheter.
Nous marchons ensuite vers le Sablon. Très jolie place sans doute (ils ont
déjà installé les cabanes du marché de Noël?? Remarque, vu le temps, on est
en novembre), dommage qu'il se soit remis à pleuvoir fort (je l'avais prédit).
Nous nous réfugions dans un autre café. Je pense prendre un apéro avant de
passer à un repas un peu tôt, mais Ethane semble pressée et l'assiette de
moules arrive bien vite. Habitué aux moules de bouchot charentaises grattées
avec amour par mon grand père, je remarque que celles ci sont mal lavées.
Mais c'est bon tout de même et il fait bien chaud dans ce café.
Ethane me raccompagne à la gare, je lui fais une baise et retourne tout seul
comme un grand à Midi. J'ai un peu de temps pour m'isoler dans la gare et
passer un coup de fil à mon père, qui faisait sa rentrée aujourd'hui. Tout
s'est bien passé pour lui. Au bout d'un moment il me dit "Y a du bruit derrière
toi!", j'acquiesce et il continue "Ah t'es sur ton portable!" et je réponds
"Oui, je suis en vadrouille", sans rien dire de plus et d'ailleurs, il ne
me demande rien. Je sommeille dans le train du retour, ça me permet d'éviter
le couple guimauve en face de moi. Puis, je rentre chez moi, content de ma
journée.
Il a bien été rempli ce week-end en fait. Une petite virée samedi soir pour
voir un trio infernal. Je les vois pas si souvent mais je les adore. Toujours
des plans de concerts improbables (mais souvent très bons) parfois dans des
lieux bien éloignés. Mais je vais peut-être les suivre dans une de leurs
expéditions d'ici quelques mois.
Et puis, je suis retourné au cinéma. Tout d'abord pour voir "Comme
une image". J'y allais après avoir entendu l'enthousiasme de mon chroniqueur
ciné préféré. Le précédent opus m'avait laissé un goût d'inachevé, de mollesse,
bien loin de leurs scénarios (oui bon scénarii) et adaptations très percutants.
Au début, je me dis que le critique voit des choses évidentes pour lui alors
que le trait est très ténu. Et puis, à la fin, je suis bluffé, il avait raison,
c'est exactement ça. Du coup, ça me donne envie de revoir ce film sur un tyran
domestique, et les esclaves qui l'entourent. Chacun ou presque y va de sa
petite compromission, le voile de ces relations perverses se levant peu à
peu. Une scène m'a marquée tout particulièrement : l'ami du couple qui vient
voir la femme de l'écrivain (qui grâce au tyran a enfin du succès) et
qui se rend compte que le travail escompté n'est pas fait. "C'est marrant,
j'ai l'impression que ton mari m'évite". "Comment, mais pas du tout!!" explose
la femme sur le ton de "c'est ridicule, enfin". Puis il parle de celle qui
croyait en l'écrivain avant sa célébrité et qui a été abandonnée bien vite
une fois le succès venu. "Elle a changé, tu trouves pas?" dit la femme. Et
l'ami répond "Tu sais bien comment c'est, elle pense que c'est vous qui avez
changé." Doute immédiat dans le regard de la femme "et si elle avait raison?".
C'est l'un des éléments qui font prendre conscience de la nature de la relation.
C'est fait tout en finesse, en douceur, sous un humour percutant. A revoir
sans doute pour mieux percevoir le tout.
Je ne m'arrête pas en si bon chemin et je vais voir "Mensonges, trahisons
et plus si affinités", m'attendant à une comédie sympathique. Au début,
je suis bluffé, c'est bien écrit, bien réalisé, très bien joué avec un mélange
de réflexions douces amères et d'humour très corrosif. J'adore! La fin est
plus convenue hélas, dommage que le film ne tienne pas la distance. Mais tout
de même, ça reste un bon film, une comédie qui ne révolutionnera pas le genre
mais qui est réjouissante (en plus c'est un premier film). Edouard Baer est
excellent comme souvent, un peu plus canalisé et c'est tant mieux. Marie Josée
Croze est fantastique, bien plus attirante que sa fadasse concurrente. Clovis
Cornillac est magnifique en footballeur crétin qui se croit intelligent. Les
seconds rôles aussi sont bien croqués, un peu plus caricaturaux peut-être.
Il y a plusieurs choses qui m'ont touché dans ce film (en plus de me faire
rire). Baer joue un écrivain qui "écrit des autobiographies de gens connus".
Sa copine se demande pourquoi il gâche son talent à ne pas écrire de romans
sous son vrai nom. Non, Toikimeli, je ne me suis pas vraiment retrouvé dans
le côté "je passe ma vie à faire quelque chose que je n'aime pas" (encore
que.. l'avenir le dira) mais plus dans les gentilles critiques de la copine
"Pourquoi tu te caches, pourquoi veux tu que personne ne sache rien sur toi,
ça fait dix mois qu'on vit ensemble et tu ne me dis rien". Le genre de phrases
qui résonne bizarrement dans ma tête. A part ça, on peut aussi voir une vision
de l'écrivain, où le bon travail se fait dans la douleur (il ne suffit pas
d'ouvrir un blog quoi) surtout quand la plume s'est rouillée à force d'écrire
au kilomètre les vies des autres.
Au final, un week end plus long que la normale mais bien plus chargé aussi,
train, restaurants, musique, cinéma. Je ne vais pas m'en plaindre!
Et je repars en vadrouille (mais pour le boulot cette fois).
Commentaire(s) :
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