Mercredi 25 mai 2005
Presque rien sur Robert
Des presques potes m'invitent pour une soirée dans un bled banlieusard. C'est
à cinq kilomètres de chez mes parents, j'en profite pour faire d'une pierre
deux coups. Trois coups même, je passe chez mon dentiste qui habite à vingt
kilomètres de là. Avant de partir, ma mère me demande de faire une course
pour elle dans cette même ville. Je suis un peu éberlué par son ton qui est
très "mais vraiment si ça te dérange pas, hein??". Je suis devenu un ours
asocial pour que les gens prennent tant de précautions avec moi??? C'est à cinq
minutes à pied de chez le dentiste, ça me paraît bien normal de lui faire
cette course.
J'entre dans la boutique (oui je passe sur les détails, ce sera pour la prochaine
entrée, Toikimeli) "Bonjour je viens pour le paquet, ma mère a dû vous prévenir".
"Vous êtes Monsieur Monnomdefamille?? Remarquez, vous ressemblez tellement
à votre mère, j'aurais pu deviner". Petit moment de stupeur passager (ça se
voit tant que ça?), je prends le paquet et m'en vais en ayant quelques doutes
sur la mémoire de la dame en question. Il me semble qu'elle est là depuis
longtemps et qu'on a fait appel à elle en 1993 (oui je sais, déjà..) pour
le gigantesque dossier de mon groupe de colle (Rodrigue, Fabio, celui qui a "disparu" et moi). Elle
en parle encore souvent selon ma mère. J'ai tant changé que ça en douze ans?
Un qui se souvient bien de moi en revanche, c'est mon ophtalmo. Bizarrement,
je m'occupe de mes dents et yeux la même semaine, comme ça mes visites de
routine sont faites pour l'année. Il faut dire aussi que mon ophtalmo est
assez connu (et opère ce qui lui laisse moins le temps de consulter), il faut
s'y prendre prêt de deux mois à l'avance pour avoir un rendez-vous. Je vais
chez lui un matin, son assistante fait les mesures. Elle doit me faire des
tests très poussés, je passe dix minutes à me dire "bon sang je ne vois rien
du tout ou c'est si petit que je peux rien distinguer, j'ai perdu de l'acuité
visuelle, merde". Et en fait non.. elle doit me faire des tests à 12/10e c'est
pas possible (elle s'était calmée la fois d'avant pourtant si je me souviens
bien du coup je m'y attendais pas). Ensuite, elle me met des gouttes pour
me dilater les pupilles avant le fond d'oeil
. De mémoire, c'est le troisième que je fais. Le premier s'était mal passé,
j'avais eu du mal à accepter cette grosse lentille (trois centimètres de "long")
qu'on me pose sur l'oeil. Je dois patienter un peu le temps que le produit
fasse effet "mais il ne faut pas lire, ça annule l'action des gouttes"...
Un peu plus tard, j'entre dans le cabinet, le médecin me demande un peu des
nouvelles de la famille. Par curiosité, je lui demande à quand remonte mon
dossier ici.. 1979, j'avais cinq ans (oui c'est un pro de l'archivage informatique
mon ophtalmo... et cette date explique qu'il se souvienne aussi bien de moi).
Il s'esclaffe en voyant la prescription de médicaments avec mes premières
lunettes. "On pensait que ça empêchait le développement de la myopie à l'époque.
Enfin 1979, c'est limite la préhistoire!!". Je lui fais remarquer que préhistoire
c'est peut-être un peu fort... les premières opérations de la cataracte ne
datent-elles pas du Moyen Age (andalou)?. Il m'affirme que c'est même beaucoup
plus vieux que ça, les premières opérations ont trois mille ans, avec de l'acacia
qui faisait tomber le cristallin (je crois) pour que le patient si ça se passe
bien, voit à nouveau la lumière.
Ensuite, il me dit que si j'ai du mal à supporter mes lentilles (jusqu'ici
ça va, en fait), une nouvelle technique se met en place pour l'opération,
un laser qui coupe moins de cornée!! On peut donc opérer les gens qui comme
moi ont -11 ou -12 dyoptries (je suis très myope souviens
toi). Je reste intéressé mais si je ne suis pas super chaud (se faire
charcuter l'oeil, à la base, ça ne m'attire pas trop). Plus qu'avant où au
mieux j'aurais pu envisager d'avoir une myopie moins forte mais franchement
quel intérêt, si je dois encore porter des verres correcteurs? Ma soeur a
eu le cran de passer sur le billard pour ça mais sa myopie était bien plus
faible.
On passe au fond d'oeil proprement dit. C'est franchement pas agréable mais
ça marche du premier coup au moins. Rien à signaler, ouf! Et puis, il m'annonce
qu'il a une bonne nouvelle. De nouvelles statistiques sont parues, si un myope
n'a pas eu de problèmes de rétine à trente ans, il n'a pas plus de risques
d'avoir des soucis après que la moyenne des gens. Donc, on arrête le contrôle
systématique (toujours ça de pris). Tout va bien, en fait!
En revenant de la ville du dentiste (oui faut suivre), j'ai passé un week-end
assez tranquille chez mes parents. Le boulot de ma mère la crève... en plus
elle n'a plus vraiment la foi et j'ai peur que dans l'éducation nationale,
passés vingt-cinq ans de métier, c'est ça qui fait tenir. Dans son
cas, ce sont plutôt les croix sur le calendrier qui la rapprochent de la retraite
qui la motive. Mon père a son avenir de fait, un peu de boulot quelques mois
par an pour mettre du beurre dans les épinards et un peu d'aide à droite à
gauche dans la maison, il le vit bien je crois maintenant que les Assedic
lui ont confirmé qu'à son âge, il était dispensé de chercher du travail.
Pas grand chose au programme, un peu de bricolage avec mon père, un peu de
bidouille informatique aussi ... en vain (m'énerve), des nuits correctes,
de grosses siestes, une balance qui m'annonce un poids moins pire que je ne
pensais et une soirée banlieusarde qui se passe bien. Ah si, y a eu aussi
l'anniversaire de Rodrigue. Le jour J, je me demande ce que je fais, sachant
que je veux lui souhaiter, virgule, moi (je suis dur, je sais). J'ai son adresse
électronique professionnelle mais on est dimanche, c'est pas génial.
Je veux éviter le coup de fil car j'ai pas envie d'entendre "Ohhh
ça fait longtemps qu'on s'est pas vus, on se voit quand??", le
rattrapage habituel qui ne sent pas la sincérité. Je lui envoie
un texto et on verra bien (pour l'instant je n'ai rien vu).
Mais bon ce week-end, j'avais un peu la tête ailleurs. Quelques jours auparavant,
j'avais reçu le mail d'un pote "Tiens, j'ai découvert ça, je sais que tu l'aimais
bien". Eh bing, j'apprends que Robert
est mort. Boum le choc. D'abord car il doit avoir l'âge de mes parents, voire
moins et leur mort me parait inconcevable (enfin si c'est concevable mais
"pas maintenant", comme d'habitude). Et puis j'ai un rapport assez
bizarre avec Chanson Plus. Moi qui pensais que c'était un groupe inconnu ou
presque j'ai eu la surprise dans mes lectures de ci de là de voir que c'était
partagé par quelques autres.
Chanson Plus, c'est en fait le premier "petit" groupe que j'ai suivi. Par
hasard, on les voit à la télé alors que je suis ado. Quelques mois plus tard,
on va les voir dans une petite salle à côté. Et c'est fabuleux, drôle et vraiment
fait pour la scène. Quand on reçoit ça forcément on veut approfondir ses connaissances,
renouveler l'expérience. Alors, on les suit et on est tout contents et tout
fiers d'être un peu en-dehors de ce qui se passe dans les medias. C'est bien
plus tard que je me rendrais compte que plein de groupes de qualité existent
alors qu'ils sont délaissés (ou presque) par les télés et radios. Et puis
le fameux engrenage où en allant voir un artiste on se fait des potes qui
en connaissent un autre etc.
J'ai un autre souvenir (qui vaut pas grand chose) de Chanson Plus, peut-être
le dernier spectacle que j'ai vu avec Robert justement (j'ai pas suivi ce
qu'il a fait en solo). Concert près de chez moi, on y va en famille sans bien
connaître le dernier album. Ambiance de feu dans la salle, public très réactif.
A la fin dans le hall, chorale spontanée (?) sur Perfectionniste. On en ressort
enchantés. Quelques semaines plus tard, ils repassent près de chez mon cousin!
On lui avait vanté le spectacle, il vient avec ma soeur et moi. On est prêts
à remettre ça, comme la fois d'avant... sauf que le public est froid, très
froid. Et là je comprends quand les artistes disent que le public change,
à vivre c'est bizarre. Moralité, nous sommes trois à mettre le feu à droite,
quand on regarde la scène (face à Robert donc). Ah ben oui "L'internationale"
en troisième chanson, ça passe mal des fois. A la fin du spectacle, alors
que les gens applaudissent, les membres du groupe descendent dans la salle.
Greg, le plus proche du bord, est debout et
tend une main virile mâtinée de "bravo" à Robert qui le regarde, lui sourit
mais préfère faire la bise à ma soeur avant de serrer la main de mon cousin.
Alors voilà, c'est juste ce petit moment et la séance de dédicace qui suivit
qui me reviennent en mémoire quand je pense à Robert. Presque rien... mais
tout de même.
Commentaire(s) :
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